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Double nationalité, la majorité présidentielle divisée

Alors que l'aile droite de l'UMP en revendique la paternité, plusieurs membres du gouvernement dénoncent une "stigmatisation de l'étranger".

Par Eric Nunès

Publié le 03 juin 2011 à 18h27, modifié le 04 juin 2011 à 10h47

Temps de Lecture 3 min.

Nathalie Kosciusko-Morizet, à Paris en décembre 2010.

La proximité sémantique est troublante. Dans un courrier envoyé le 30 mai aux cinq cent soixante-dix-sept députés de l'Assemblée nationale, les pressant de rouvrir le débat sur l'interdiction de la double nationalité pour les citoyens français, Marine Le Pen, présidente du Front national, explique que le "sentiment d'appartenance à une même nation" est en danger du fait de la "multiplicité des appartenances à d'autres nations".

"La double nationalité peut conduire à des contradictions majeures." Un argument qui ressemble à cet autre, un peu antérieur : "La possibilité qui est aujourd'hui offerte à certains citoyens de bénéficier de la double nationalité est en contradiction avec l'essence même de la nationalité, qui est le sentiment d'appartenir à une nation." Cette seconde phrase ne provient pourtant pas du Front national. Il s'agit, en réalité, de l'exposé sommaire d'un amendement, présenté fin 2010 par une poignée de parlementaires UMP de la Droite populaire, qui vise à supprimer la possibilité pour un citoyen français de posséder une double nationalité.

Le texte a finalement été repoussé. Toutefois, ce collectif de parlementaires reste courtisé au sein de la majorité. Ces élus ont d'ailleurs été reçus, mercredi 1er juin, à l'Elysée. A l'issue de cette rencontre, les députés Lionnel Luca, Jean-Paul Garraud et Philippe Meunier ont assuré, selon Le Figaro, qu'ils bénéficiaient du soutien de Nicolas Sarkozy sur la question. Mais la droite est divisée.

MAJORITÉ SCHIZOPHRÈNE

La majorité est-elle schizophrène ? Alors que des députés UMP se réjouissent de la réouverture d'un débat laissé dans les oubliettes parlementaires depuis des mois, Nathalie Koscuisko-Morizet, ministre de l'écologie, et Jeannette Bougrab, secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse et de la vie associative, ont, elles, vivement dénoncé l'initiative de Marine Le Pen. Tout en se gardant bien de se prononcer sur l'initiative des députés de leur propre parti.

La proposition de Marine Le Pen, "c'est l'extrême droite, le rejet de l'autre, de la différence, du métissage", a déclaré, jeudi 2 juin, Jeannette Bougrab sur France 2. "Stigmatiser ainsi des personnes qui n'ont pas deux parents français, je trouve ça dommage", a poursuivi la secrétaire d'Etat.

"Dommage" et "inapplicable" dans de nombreux cas, juge pour sa part Etienne Pinte, député UMP. Pour Nathalie Koscuiko-Morizet, dans un livre Le Front antinational (Edition du Moment. 9,95 euros) , à paraître le 9 juin, "bon nombre de nos concitoyens, selon les histoires familiales ou le hasard du lieu de naissance, sont français et allemands, français et suisses, français et américains. Sont-ce ceux-là que le FN veut contraindre à choisir d'être français ? Bien sûr que non", ironise la ministre.

FLATTER LE CHAUVINISME FRANÇAIS

SelonDominique Paillé, président du conseil d'administration de l'Office français de l'immigration et de l'intégration et ancien porte-parole de l'UMP, la relance du débat sur la binationalité vise seulement a "créer un point de fixation sur une thématique qui ne le mérite pas". L'objectif est "la stigmatisation de l'étranger" relève également M. Pinte. "C'est un mauvais débat. En France les binationaux ne posent aucun problème particulier. Il s'agit pour le Front national de trouver un nouveau cheval de bataille et de flatter le chauvinisme français en imposant un choix de nationalité", poursuit Dominique Paillé.

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Alors que les élus de la Droite populaire se targuent du soutien de l'Elysée, l'UMP ne rejette cependant pas cette thématique des binationaux : "Nous serons certainement amenés à aborder cette question lorsque nous aurons notre convention sur l'immigration et l'intégration", début juillet, a déclaré Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP.

Curieusement, Thierry Mariani, secrétaire d'Etat aux transports et fondateur de la Droite populaire, a déclaré ne pas partager l'analyse de ses amis de la droite de la droite. En effet, lorsqu'il était rapporteur à la commission des lois, il a rejeté l'amendement de son collègue Lionnel Luca sous prétexte que la bi-nationalité est une "tradition" française. Est-ce un hasard ? Thierry Mariani est l'un des onze candidats de l'UMP pour les circonscriptions des Français de l'étranger . Des circonscriptions hors frontières, où votent de très nombreux Français...binationaux.

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