Il y a des airs de redite dans les accusations. Probablement parce que cette nouvelle "affaire DSK" met en scène certains personnages déjà connus : à l'annonce de la plainte déposée par l'écrivaine Tristane Banon contre l'ex-patron du FMI, des soutiens de Dominique Strauss-Kahn ont laissé entendre que celle-ci pourrait être liée à une "manipulation politique". Sans donner beaucoup plus de précisions. "J'ai le sentiment que Tristane Banon est manipulée", a ainsi affirmé le sénateur François Patriat, tout en avouant : "Mais je n'ai rien pour l'étayer, c'est mon sentiment."
Deux élus concentrent leurs critiques sur le rôle supposé d'Atlantico.fr, un site d'information classé à droite pour lequel Tristane Banon a écrit quelques billets. Des insinuations balayées par Jean-Sébastien Ferjou, directeur du site, joint par Le Monde.fr : "C'est du pur délire. Et c'est diffamatoire. On va voir avec notre avocat si on réagit."
"DES ACCUSATIONS INSULTANTES POUR TRISTANE BANON"
Créé en mars, le site avait déjà été pointé du doigt lors de deux polémiques liées à Dominique Strauss-Kahn : les images de la Porsche à côté de laquelle il avait été photographié, et son arrestation, à New York (lire Atlantico s'installe dans un paysage Internet plutôt marqué à gauche en éditions abonnés).
Aujourd'hui, le site est de nouveau cité, notamment par le député PS de Paris, Jean-Marie Le Guen. "Cela fait des mois et des années que Tristane Banon raconte son histoire. Elle dépose sa plainte aujourd'hui. J'y vois une certaine forme d'opportunisme que je rattache à ce torrent de boue, ces campagnes de désinformation contre Dominique Strauss-Kahn, au moment où la justice américaine s'apprête à reconnaître son innocence", a-t-il expliqué mardi. Je constate que Mme Banon est par ailleurs éditorialiste au site Atlantico, site politique proche de l'UMP que chacun connaît."
Des accusations qui rejoignent celles de François Patriat : "Je sens encore une belle manipulation et celle-là, je la vois très politique en France, on voit bien où est le site Internet Atlantico, avec qui elle travaille, avec quel avocat elle travaille, tout cela est de notoriété publique", a déclaré à la presse le président de la région Bourgogne dans les couloirs du Sénat.
Il est vrai que Tristane Banon écrit des chroniques pour le site, "sur les jeunes". Et que le site penche plutôt à droite. Mais pour le reste, il n'y a en l'état pas beaucoup plus d'éléments. "Tristane Banon n'est pas rémunérée chez nous, elle fait partie d'un réseau de dizaines de contributeurs et a écrit en tout huit billets, pas sur des sujets politiques, affirme Jean-Sébastien Ferjou, qui ajoute qu'il n'a jamais rencontré personnellement l'écrivaine. Les accusations de gens comme MM. Patriat et Le Guen sont insultantes pour Tristane Banon."
"ELLE PORTE PLAINTE : TOUT CELA FAIT RÉCHAUFFÉ"
Ces nouvelles accusations prolongent celles lancées dans le passé par des proches de Strauss-Kahn contre Atlantico : Ramzi Khiroun, conseiller en communication de l'ex-patron du FMI, s'était étonné que le site soit le premier à écrire que "sa" Porsche, visible sur les clichés de DSK pris à Paris fin avril, était son véhicule de fonction de porte-parole du groupe Lagardère (lire Affaire de la Porsche : le conseiller en communication de DSK contre-attaque en édition abonnés). Il sous-entendait l'accès illicite à des fichiers de police d'immatriculation. Dans sa réponse, Atlantico semblait suggérer que l'info provenait au contraire d'employés de Lagardère surpris "qu'une entreprise privée finance les salaires de personnes notoirement en campagne pour un candidat à la présidentielle."
SCEPTICISME DES PARTISANS DE DSK
Ramzi Khiroun, lui, pointait du doigt le rôle supposé d'Arnaud Dassier, associé du site et ancien responsable de la campagne Internet de Nicolas Sarkozy en 2007. Celui-ci avait ironisé sur ces accusations. Tout comme quand, quelques jours plus tard, il s'était retrouvé de nouveau lié aux soupçons de complot autour de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York. Arnaud Dassier avait été le premier à relayer un tweet dans lequel un jeune militant UMP, employé de l'hôtel, annonçait la nouvelle.
La nouvelle charge contre Atlantico.fr illustre surtout le scepticisme général affiché par les strauss-kahniens envers le dépôt de plainte de Tristane Banon. "Elle porte plainte : tout cela fait réchauffé au moment où les Etats-Unis lèveraient leurs charges", estime François Pupponi, député-maire PS de Sarcelles.
"Cette affaire Banon est assez mystérieuse. (...) Ça fait huit ans, on voit des choses curieuses, la mère [de Tristane Banon], qui d'abord l'empêche, puis la pousse à porter plainte", juge Pierre Moscovici, député PS et soutien de François Hollande. "Elle porte plainte aujourd'hui... C'est qu'on l'a fortement incitée à le faire", a avancé de son côté Jean-Christophe Cambadélis, sur Europe 1. Sans préciser qui aurait pu la pousser le faire.
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