La Grèce s'impatiente. L'aide de 158,6 milliards d'euros annoncée lors du sommet européen du 21 juillet met du temps à arriver. Car sur sa route se dresse la Finlande, petit contributeur... mais noté AAA.
Helsinki traîne les pieds. Avant juillet, elle a fait savoir dans la presse qu'elle ne voulait pas payer sans contrepartie. Ses exigences ont fini par être acceptées par les autres pays : le rapport final du sommet stipule que le paiement de l'aide à la Grèce peut se faire sous certaines conditions.
La Finlande ne doit fournir que 2 % du montant de l'aide à la Grèce, qui accepte de signer un accord instaurant des garanties à son emprunt, le 16 août. Ces garanties, évaluées à un milliard d'euros, pourraient prendre plusieurs formes, selon Guntram Wolff, économiste et directeur adjoint du centre de réflexion européen Bruegel : hypothéquer une entreprise publique grecque, qui deviendrait finlandaise en cas de non-paiement ; garantir le paiement par des réserves d'or d'Athènes, ou financer un fonds finlandais d'obligations, bien noté par les agences. Si la Grèce échoue à rembourser, la Finlande gardera la monnaie. "Politiquement, c'est impossible !" note Guntram Wolff.
SUCCÈS DES EUROSCEPTIQUES
La Finlande est devenue frileuse en partie à cause de la percée du Parti des vrais Finlandais aux élections législatives du 17 avril. Les Finlandais ont voté en nombre pour ce parti nationaliste de droite qui les a séduits par sa campagne eurosceptique. Il est devenu la troisième force du pays. Or, en Finlande, il n'y a pas de majorité claire, et le succès des propositions eurosceptiques auprès de la population incline le débat en défaveur de la Grèce.
D'autant plus qu'Helsinki n'a jamais été très dépensier. Ses comptes publics étaient encore excédentaires en 2008. Pour 2010, son déficit est de 2,5 % du PIB et sa dette publique atteint 48,4 % (source Eurostat).
Lors du sommet du 21 juillet, la Finlande, jusque-là discrète, a tergiversé un peu plus. Toute augmentation de la capacité effective de prêt du Fonds européen de stabilisation financière (FESF) doit passer par les parlements nationaux. Devant l'impossiblilité de la voir passer cette étape, notamment en Finlande, la réforme est absente du projet final. Au côté des Pays-Bas, les Finlandais ont également soutenu l'initiative allemande de demander un soutien financier de la part du secteur privé.
LES DEMANDES DE GARANTIE SE MULTIPLIENT
Ce débat émerge alors que les pressions politiques européennes sur la Grèce se font plus fortes. "Demander des garanties, c'est ouvrir une boîte de Pandore, juge Guntram Wolff, puisque si la Finlande a droit à des contreparties, il n'est pas juste que les autres n'en aient pas." Depuis, l'Autriche, les Pays-Bas et la Slovaquie réclament leur garantie. Ces trois nouveaux pays représentent 11 % de l'aide à la Grèce.
La chancelière allemande, Angela Merkel, s'est élevée contre un tel accord. C'est "non négociable", a répondu la Finlande. Or, ces bisbilles internes inquiètent les marchés, qui demandent des garanties en termes de stabilité de la zone.
Lundi, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a haussé le ton. Pas question de laisser les tractations bloquer l'aide à la Grèce. Jean-Claude Junker, président de l'eurogroupe, a ajouté qu'il valait "mieux traduire dans les faits les décisions du 21 juillet que de lancer de nouvelles idées immatures".
Un nouvel accord – qui devrait "satisfaire tous les États membres de la zone euro" selon Jean-Claude Juncker – serait en phase de finalisation entre la Grèce et la Finlande. Car l'aide à la Grèce ne peut se permettre d'attendre trop longtemps. L'agence de notation Moody's s'en est inquiétée. Un retard pourrait précipiter le défaut de paiement d'Athènes. "On aura besoin d'un nouveau sommet extraordinaire des ministres des finances en septembre pour démêler ce problème", conclut Guntram Wolff.
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