Le procureur de Troyes a requis, vendredi 20 janvier, de quatre à six mois de prison avec sursis à l'encontre de neuf militants de Greenpeace, poursuivis devant le tribunal correctionnel pour s'être introduits dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) en décembre 2011.
Le procureur Alex Perrin a en outre demandé une peine d'amende de 1 000 à 1 500 euros pour chacun des prévenus, poursuivis pour violation de locaux professionnels et dégradations en réunion.Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 21 février.
"On ne répond pas utilement aux questionnements [sur le nucléaire] par des passages à l'acte de cette nature", a déclaré M. Perrin, estimant que l'objectif des militants de Greenpeace était de "faire peur à la population" et de "vouloir faire accroître un niveau de risque qui n'est pas celui de la réalité".
"CLÉMENCE"
Les militants, trois hommes et six femmes, s'étaient introduits dans la centrale le 5 décembre 2011, déjouant la surveillance des gendarmes pendant quatorze heures. Lors de l'audience, ils ont expliqué vouloir mettre en lumière la faiblesse de la sécurité des installations nucléaires.
Poursuivis pour violation de locaux professionnels et dégradations en réunion, ils encourent pour ces délits jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, bien au-delà des peines normalement prévues pour une intrusion sur un site nucléaire, à savoir six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende, selon leur avocat Me Alexandre Faro, qui a plaidé la clémence. Plusieurs sont également poursuivis pour refus de se soumettre à un prélèvement ADN, délit passible d'un an de prison et de 15 000 euros d'amende.
Tous les militants ont assumé leur action, évoquant "une responsabilité collective" et "une action d'utilité publique". "Nous ne nous attendions pas à ce que ce soit si facile", a raconté pendant l'audience une militante, Céline B., en évoquant l'opération. "L'objectif était de mettre en évidence la faiblesse de la sécurité dans les centrales", a ajouté Philippe D., un retraité.
Pour Me Jean-Pierre Mignard, avocat du groupe énergétique EDF, l'exploitant de la centrale, qui s'est porté partie civile, "EDF avait bien compris qu'il ne s'agissait pas d'un commando terroriste. Les mesures d'intervention ont été réduites a minima pour ne pas porter atteinte à l'intégrité de ces personnes". Il n'est "pas question de demander réparation civile aux militants. Le moment venu, ce sera à Greenpeace de rendre des comptes, a-t-il poursuivi. Mais dans une société démocratique, il y a d'autres manières d'agir pour exprimer son opposition au nucléaire".
Devant le tribunal, Sofia Majnoni, porte-parole de Greenpeace, a aussi réclamé la "clémence", soulignant qu'"il y a eu reconnaissance d'un dysfonctionnement de la part du gouvernement, puisque François Fillon a demandé en décembre un audit sur la sécurité des centrales".
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