Depuis L’arrivée du train en gare de La Ciotat, le célèbre court métrage tourné par les frères Lumières en 1895, la ville, qu’elle soit grande métropole ou modeste sous-préfecture, a toujours entretenu une relation étroite avec le 7e art. Le cinéma le lui rend bien. Selon une étude du cabinet Skift, spécialisé dans l’observation des comportements touristiques, 10 % de nos contemporains choisiraient une destination en fonction des films qui y ont été tournés. Voici une petite liste – loin d’être exhaustive – de villes qui méritent d’être visitées à travers le grand écran.
1/Brice ne venait pas de Nice… mais de Villefranche-sur-Mer
Les réalisateurs, parfois faute de moyens mais pas toujours, doivent faire travailler leur imagination. Qui aurait ainsi pu penser qu’une petite localité comme Villefranche-sur-mer, peuplée d’à peine 6 000 âmes ait servi de lieu de tournage à plus de 150 films. Les quais du port de la Santé ont ainsi souvent été filmés pour devenir, pêle-mêle, Biarritz dans Brice de Nice, mais aussi Nantes au début du XIXe siècle dans Capitaine sans peur (1951), de Raoul Walsh, avec Gregory Peck, ou, plus exotique, Macao dans Macao, l’enfer du jeu, de Jean Delannoy, en 1942. Tout aussi exotique, l’imposante citadelle de Villefranche, qui date du XVIe siècle, est devenue successivement le fort militaire de Gibraltar dans le film Gibraltar (1938), avec Erich von Stroheim et Viviane Romance ; le bagne de Toulon dans la série télévisée Vidocq, et même la Forteresse de Palmyre, en plein désert syrien, dans Jamais plus jamais, un James Bond dont le héros était incarné par Sean Connery en 1983. Quant au port de la Darse, qui date lui aussi du XVIe siècle, il a servi de cadre à La Taverne de La Nouvelle-Orléans, avec Errol Flynn, en 1951. On pourra compléter ce parcours à Villefranche par la rue Obscure, où Cocteau a tourné, en 1959, son Testament d’Orphée.
www.villefranche-sur-mer.org/tourisme
2/Rome, de la Dolce Vita à Cinecittà
La ville éternelle et le 7e art : une longue histoire d’amour qui remonte à 1937, date à laquelle Mussolini décide la construction de Cineccità pour en faire le « Hollywood sur Tibre » comme on la surnomme parfois. Qui n’a pas en mémoire Sylvia, Anita Ekberg, sortant de la Fontaine de Trevi, appelant le séduisant Marcello dans la Dolce Vita de Frederico Fellini ? Qui ne se souvient pas d’Audrey Hepburn dans Vacances romaines de William Wyler mangeant une glace Plazza de Spagna ? L’une des plus belles balades romaines consiste peut-être à suivre les pas du héros de La grande belleza, Jep Gambardella. Le film de Paolo Sorentino sorti en 2013 est une véritable déclaration d’amour à la ville éternelle.
Une bonne nouvelle : un moment ensommeillée, Cinecittà se réveille. Les gigantesques studios installés sur la via Tuscolana à la sortie de Rome, sur la route de Naples, sont très accessibles, y compris en métro. Déambuler à travers les studios, voir les décors de la série télévisée Rome, ceux de Gangs of New York. Tout y est raconté, de Fellini aux westerns spaghetti des années 70. Un régal de cinéphile.
Parcours « La grande belleza » : www.turismoroma.it/cosa-fare/alla-scoperta-de-la-grande-bellezza-2
3/Quand Harry rencontre Hugh Grant
Seize ans après la sortie du film, les lieux du tournage de Coup de foudre à Nothing Hill font toujours partie du pèlerinage londonien des cinéphiles. Bien sûr, il y a les puces de Portobello road qui drainent une clientèle non négligeable. Mais pas seulement. Pour preuve, le nombre de gens qui se prennent en photo devant le 280 Westbourne Park Road et sa fameuse porte bleue (mais sans High Grant). Dans la capitale britannique, l’agence spécialisée ciné s’appelle Brit Movie Tours. Que vous vouliez arpenter la ville sur les pas d’Harry Potter, de James Bond, du Docteur Who ou même du petit ours Paddington, c’est à eux qu’il faut faire appel. Et leur liste est loin d’être limitative : un tour est même consacré aux séries TV comme Sherlock Holmes ou 24 heures. Cherry on the cake, le London Film Museum propose depuis le 18 novembre une très belle exposition intitulée Bond in motion mettant en scène les plus belles voitures de 007.
4/Le fabuleux destin de Paris
Si Paris sert régulièrement de cadre à des tournages de films, seuls quelques succès, au cours de ces dernières années, ont donné lieu à un engouement particulier. Faîtes le test, a fortiori auprès des touristes étrangers : il y a fort à parier que Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet (2001), et le Da Vinci Code de Ron Howard (2006), tiré du roman de Dan Brown, soient cités dans les premières réponses. Paris regorge de lieux liés intimement au grand écran. La Mission cinéma de la Mairie de Paris propose d’ailleurs régulièrement des parcours dans la ville. Pêle-mêle, on y trouve Hugo Cabret, La Môme, Le diable s’habille en Prada, Paris, je t’aime, L’Ecume des jours, et bien d’autres films. Chaque film fait l’objet d’une fiche complète (distribution, etc.) et d’un plan. Si vous préférez être guidé, Ciné Balade organise, pour sa part, des visites thématiques par quartier (Montmartre, Ménilmontant), par auteur (Carnée, Renoir, Truffaut, etc.). Juliette Dubois, la créatrice de ce site vous emmène pour des balades d’environ 2 h 30, accompagnée de sa tablette pour montrer des extraits de films.
5/Le Spectre de Sölden
Les fans de James Bond ne peuvent avoir oublié la scène : dans Spectre, dernier opus de la saga du célèbre espion britannique – qui sortira en vidéo le 11 mars – Daniel Craig se lance à la poursuite des ravisseurs du docteur Swann. Il sort d’un superbe bâtiment de verre et d’acier, sorte de clinique futuriste, avant de s’emparer d’un avion pour littéralement voler au secours du médecin. Cette poursuite pour le moins insolite entre un avion et trois voitures a, dans les faits, été tournée à Sölden. Plus exactement dans le Ice Q, un restaurant d’altitude, bel exemple d’architecture d’avant-garde installé à 3 000 mètres de hauteur. Bien avant James Bond, cette station chic de la vallée de l’Ötztal (Tyrol) a déjà servi de cadre au tournage de plusieurs films, y compris de propagande au cours de la dernière guerre mondiale comme Die Geierwally, la fille au vautour, en 1940 ou plus tôt encore, The Mountain Eagle d’Alfred Hitchcock tourné en 1926. Si vous voulez jouer à James Bond, choisissez la table N°3 de l’Ice Q, avec vue sur le Wildspitze, géant du Tyrol avec ses 3 772 mètres.
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