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La Crimée sous le choc après un « meurtre de masse » dans un lycée

Selon le Comité national antiterroriste russe, les victimes ont été tuées par balles. L’auteur présumé de l’attaque, un élève inscrit en quatrième année, s’est suicidé.

Par  (Moscou, correspondante)

Publié le 17 octobre 2018 à 14h02, modifié le 18 octobre 2018 à 09h35

Temps de Lecture 4 min.

Hommage aux victimes de la tuerie du lycée technique de Kertch, en Crimée, le 17 octobre.

La Crimée était sous le choc, mercredi 17 octobre, après l’effroyable tuerie dans un lycée technique qui a entraîné la mort de vingt personnes, jeunes pour la plupart, et en a blessé trente-sept autres, selon un dernier bilan communiqué jeudi matin.

Le drame est survenu vers midi à Kertch, ville située à l’extrémité orientale de la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014, quand des coups de feu et des détonations ont retenti dans l’établissement scolaire. L’auteur présumé de cette fusillade serait un élève inscrit en 4e année, Vladislav Rosliakov, 18 ans, retrouvé mort dans la bibliothèque. Selon les autorités locales, il se serait suicidé par balle.

« Meurtre de masse »

Présentés comme un « acte terroriste » dans les heures qui ont suivi, les faits ont par la suite été requalifiés en « meurtre de masse » par le comité d’enquête, un organisme chargé des investigations criminelles placé sous l’autorité du Kremlin, selon un scénario qui n’est pas sans rappeler la fusillade sanglante survenue en avril 1999 à Columbine, dans un lycée du Colorado, aux Etats-Unis, où deux élèves avaient abattu douze élèves, un professeur, et blessé de nombreux autres.

En Crimée, le tueur aurait agi seul. Une photo, rapidement apparue sur Internet, montre un jeune homme blond vêtu d’un tee-shirt blanc et d’un pantalon noir descendant les couloirs du lycée, un fusil à la main. Il se serait procuré cette arme, de calibre 12, le 8 septembre, avant d’acheter 150 cartouches. Cette information, comme la plupart de celles qui ont circulé depuis – y compris la photo du cadavre de Vladislav Rosliakov la tête ensanglantée – provenait du canal 112 de la messagerie Telegram, anonyme et sans références.

Aucune indication claire sur les motivations de l’auteur présumé du carnage n’a jusqu’à présent été fournie. Sur le réseau social VKontakte, l’équivalent russe de Facebook, la page répondant à son nom n’est plus active depuis septembre 2014.

Pas « d’antécédents judiciaires »

Selon Sergueï Aksionov, le chef de la Crimée installé depuis 2014 par le Kremlin, l’étudiant était inconnu des services de police et il n’avait pas « d’antécédents judiciaires ». « Ce n’est pas un acte terroriste, c’est une tuerie de masse causée par un seul individu », a insisté le dirigeant sur la chaîne Rossia24, avant d’annoncer trois jours de deuil national dans la péninsule, placée en état d’urgence.

« L’examen préliminaire des corps indique que [les victimes] sont mortes de blessures par balles », a précisé pour sa part le comité d’enquête, qui avait mis en avant dans un premier temps « un engin explosif non identifié bourré d’objets métalliques » déclenché dans la cantine de l’établissement. Un porte-parole du Comité national antiterroriste avait aussi évoqué, peu auparavant, la présence d’un « engin explosif ». Au moins l’un de ces engins aurait été retrouvé dans le sac de l’assaillant, selon les enquêteurs.

Plusieurs témoins oculaires ont raconté avoir entendu une explosion avant les tirs. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on perçoit des bruits sourds et le claquement d’armes à feu devant le bâtiment, où des élèves, interloqués, hésitent à poursuivre leur chemin.

« J’ai entendu des tirs au premier étage. Nous nous sommes tous précipités dans le couloir où des gens étaient en train de courir et de hurler qu’un homme avec une mitraillette tirait sur tout le monde, a raconté un jeune, cité par l’Agence France-Presse. Ensuite, il y a eu une puissante explosion, mais heureusement j’étais déjà dehors, poursuit-il. J’ai vu l’onde de choc qui a brisé les fenêtres. »

Ouverture d’une enquête à Kiev

Les victimes ont été transportées à l’hôpital dans des bus, des ambulances ou des camions militaires, d’après les premières images diffusées par les télévisions, avant l’arrivée de trois hélicoptères et de renforts. La sécurité a été renforcée sur le pont de Kertch, destiné à relier la péninsule à la Russie et inauguré en mai par le président Vladimir Poutine. Le chef du Kremlin, qui se trouvait non loin, à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, a respecté une minute de silence alors qu’il recevait le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi. « Un événement tragique a eu lieu à Kertch. Des gens sont morts, il y a beaucoup de blessés. Je présente mes condoléances aux proches des victimes », a-t-il déclaré.

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Le président ukrainien, Petro Porochenko, a de son côté annoncé sur son compte Twitter l’ouverture d’une enquête par le parquet à Kiev pour « acte terroriste », « parce que les Ukrainiens qui vivent sur la péninsule sont les citoyens de notre pays ».

Le drame de Kertch réveille le souvenir très douloureux en Russie de la prise d’otages menée par des séparatistes tchétchènes en 2004 dans l’école de Beslan (Ossétie du Nord), qui s’était soldée, après l’intervention des forces de l’ordre, par 330 morts dont 186 enfants. Les attaques dans les établissements russes restent cependant assez rares. Ces derniers mois, toutefois, plusieurs actes violents isolés, commis par des très jeunes, voire des mineurs, ont été relevés.

En janvier, dans la région d’Oulan-Oudé, en Sibérie, un adolescent avait blessé six de ses camarades avec une hache avant de mettre le feu à l’école avec une bouteille remplie de liquide inflammable. Quelques jours plus tôt, à Perm, dans l’Oural, deux élèves armés de couteaux avaient blessé une quinzaine de personnes dans leur établissement.

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