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La peur des Brésiliens à l’ombre des barrages

La coulée de boue de 13 millions de m3 de rejets miniers qui a accompagné la rupture du barrage de Brumadinho a tué au moins 350 personnes.

Par  (Brumadinho, Itabira (Brésil) - envoyée spéciale)

Publié le 04 février 2019 à 04h47, modifié le 04 février 2019 à 11h10

Temps de Lecture 8 min.

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Hayó Lima, le chef d’un village autochtone situé sur les rives de la rivière Paraopeba, aujourd’hui polluée par les boues de résidus miniers.

Par petits groupes, les habitants de Parque das Cachoeiras descendent la colline pour montrer la boue qui a envahi leurs terres à côté de Brumadinho, dans le sud-est du Brésil. Au bord de cette masse informe, ils expliquent aux visiteurs qu’il est impossible de mesurer sa profondeur, mais que l’on connaît déjà sa dangerosité. Il ne faut pas marcher dessus et bien se laver après son contact, ont averti les médecins du poste de santé.

Beaucoup ici n’ont pas respecté ces règles, et se sont jetés dedans pour sauver un homme ou un animal. Ainsi, alors qu’on estime à 350 le nombre des victimes de la coulée de boue de 13 millions de mètres cubes de rejets miniers qui a accompagné, le 25 janvier, la rupture du barrage de Brumadinho, 192 personnes ont été secourues par les pompiers et leurs voisins.

Junior montre au loin les bâtiments du géant minier Vale, installés en aval du barrage, où la plupart des victimes ont péri, parmi lesquelles son beau-père, jardinier pour un sous-traitant de l’entreprise : « Ce jour-là, il ne se sentait pas bien et il a hésité à rester. Mais il a dit : “Faut que j’y aille, le salaire est déjà trop bas.” » Le petit village a perdu quinze habitants mais aussi une cinquantaine de maisons, sa rivière et ses terres fertiles.

Sous cette boue gisent les 7 hectares de légumes et les quatre emplois de la famille de Salvador Ursini, 55 ans. « On ne pourra jamais rien replanter. C’était une entreprise familiale, avec des emplois indirects. On n’était pas riches, mais on était loin d’être miséreux et maintenant, on va l’être », dit-il. Derrière lui, un tracteur intact confirme un certain niveau de revenu. Salvador a du mal à se plaindre : sa famille s’est sauvée à temps. Pourtant, quatre jours après la tragédie, il a décidé de rejoindre les habitants pour demander des comptes à Vale et commencer une action collective en justice.

Manifestation contre la société d’exploitation minière Vale, à Casa Branca, un quartier rural proche du barrage en ruine, le 26 janvier.

Trois ans de procédure judiciaire

Sur le terrain de football, une tente a été dressée pour la première « réunion d’information » entre la communauté et trois employés du groupe qui notent les doléances. Ils ne montrent aucune réaction aux propos du procureur André Sperling, qui accompagne depuis trois ans les victimes de la catastrophe d’un barrage de Vale à Mariana, à 90 kilomètres de là.

« Vale va tenter de vous diviser et de vous donner des miettes. Vous devez rester unis dans cette lutte, qui sera longue. Où va-t-on mettre la boue ? Ce n’est pas à Vale de décider mais à vous, avec l’aide de techniciens indépendants. A Mariana, les décisions ont été élaborées uniquement par Vale », prévient-il. Le ressentiment contre le groupe est perceptible.

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