Imagine-t-on la tour Eiffel supplantée par la Philharmonie de Paris comme symbole de la Ville Lumière ? La question est à peine sérieuse… C’est pourtant ce qui est arrivé à Der Michel – l’église Saint-Michel de Hambourg, dont la flèche incarnait la ville hanséatique – avec l’inauguration en janvier, en présence d’Angela Merkel, de la Philharmonie de l’Elbe. Depuis, la deuxième ville d’Allemagne s’incarne dans l’œuvre des architectes suisses Herzog & de Meuron, une vague de verre coiffée d’écume, dressée sur l’Elbe en direction de la mer comme la proue d’un bateau. Pourtant, les musées et la vieille ville n’ont pas disparu, bien au contraire, et méritent largement de recevoir un peu de cette nouvelle lumière.
La Philharmonie de l’Elbe s’inscrit dans la longue et glorieuse tradition musicale de Hambourg. Brahms y est né, Telemann y est enterré, et Mahler y passa six ans, à la direction du Staatsoper, avant de partir pour Vienne en 1897. Dans la vieille ville, la Laeiszhalle était la salle de concert de Hambourg depuis 1908, jusqu’à l’ouverture de l’Elbphilharmonie. Dans la nouvelle salle, nous assistons à un concerto pour violon de Beethoven par le NDR Elbphilharmonie Orchester dirigé par Paavo Järvi et accompagné par Frank Peter Zimmermann.
Depuis le parvis, on monte vers la salle par un long escalator en pente douce niché dans un tunnel nimbé de blanc de 82 mètres de long. A 37 mètres au-dessus du sol, une terrasse circulaire permet de profiter de tous les points de vue sur la ville. Au moment du concert, ce temple de la musique devient presque intimiste, les spectateurs semblent installés dans la salle sans réelle hiérarchie et sans majesté inutile. Chaque note, chaque nuance de l’orchestre et tous les détails du violon viennent aux oreilles sans rencontrer d’obstacle, d’aucune des 2 100 places. C’est tout simplement merveilleux.
Au-delà du symbole, « Elphi » – le surnom qu’a déjà l’Elbphilharmonie – attire les voyageurs qui veulent voir de leurs yeux l’imposant et si photogénique bâtiment de verre et de brique. En juin, cinq mois seulement après son ouverture, presque 500 000 mélomanes avaient déjà eu la chance d’y entendre un concert, et le bâtiment avait été visité par plus de 2,5 millions de personnes. Un succès aussi retentissant qu’inattendu.
Des chefs-d’œuvre et des surprises
Succès mérité, qui ne doit pas masquer les charmes plus rugueux d’une ville nouvelle encore en plein chantier, HafenCity, dont il est le fleuron. L’hôtel 25hours HafenCity est la meilleure adresse pour vivre l’expérience de ce quartier singulier. L’ambiance y est résolument jeune, les chambres évoquent les cabines des bateaux, et elles s’enorgueillissent crânement de leur vue sur un trou géant où des bulldozers s’activent à bâtir les fondations d’un futur débarcadère pour les paquebots. La Philharmonie n’est qu’à dix minutes à pied, et on peut découvrir le coin en louant un vélo à l’hôtel.
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