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« Gilets jaunes » : mobilisation timide, des heurts dans plusieurs villes

Des incidents entre des manifestants et les forces de l’ordre ont émaillé, dans plusieurs villes, les dernières heures d’une mobilisation en baisse pour l’« acte VII ».

Le Monde avec AFP

Publié le 29 décembre 2018 à 10h43, modifié le 29 décembre 2018 à 22h04

Temps de Lecture 17 min.

Une manifestante porte un bonnet phrygien, un des symboles de la République, lors de la manifestation à Lille, le 29 décembre.

Ils n’entendent pas renoncer. Malgré un « acte VI » qui a peu mobilisé et les fêtes de fin d’année, des « gilets jaunes » se sont à nouveau mobilisés pour un septième samedi consécutif d’actions, ce 29 décembre, avec des rassemblements mineurs notamment à Paris, Marseille, Lyon, Toulouse ou encore Bordeaux.

Les rassemblements ont été émaillés d’incidents entre les manifestants et les forces de l’ordre en fin d’après-midi, notamment à Metz, ou plus de 300 « gilets jaunes » ont tenté de forcer un barrage de gendarmes mobiles près de la préfecture, selon l’Agence France-Presse. Six personnes ont été interpellées et trois manifestants ont été blessés à Lille, où les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes à plusieurs reprises pour disperser les quelque 600 manifestants comptabilisés par la préfecture.

Manifestation de « gilets jaunes », à Bordeaux, le 29 décembre.

A Bordeaux, où la mobilisation était plus importante avec 2 600 personnes présentes, des « gilets jaunes » ont érigé quelques barricades dans le centre-ville avant plusieurs échanges de projectiles divers, de gaz lacrymogènes et de balles de défenses avec les forces de l’ordre.

Cinquante-sept interpellations à Paris

Huit cents « gilets jaunes » se sont rassemblés à Paris, selon un bilan de la préfecture de police en fin de journée, qui fait état de 57 interpellations dans la capitale à 18 heures, dont 33 placements en garde à vue. Après plusieurs face à face avec les forces de l’ordre, la circulation a été rétablie en début de soirée sur les Champs-Elysées, partiellement bloqués par les « gilets jaunes » pendant près d’une heure.

Plusieurs centaines de manifestants s’étaient rendus en début d’après-midi devant les locaux de la chaîne d’information en continu BFM-TV, dans le quinzième arrondissement de la capitale. Certains d’entre eux ont envahi la voie de circulation du tramway et jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène et procédé à plusieurs interpellations, selon l’Agence France-Presse (AFP).

Lors de la manifestation des « gilets jaunes » à Paris, le 29 décembre.

« C’est à la population de décider »

Environ un millier de « gilets jaunes » se sont également rassemblés samedi matin devant l’arc de triomphe de Marseille, désirant prouver que leur mouvement ne s’essouffle pas malgré les fêtes. Les manifestants, venus de plusieurs points de blocage à travers la région, ont commencé à se réunir dans le calme vers 10 heures Porte d’Aix, dans le centre de la ville.

Priscillia Ludosky, une automobiliste francilienne considérée comme l’une des initiatrices du mouvement des « gilets jaunes » avec sa pétition en octobre contre la hausse des taxes sur les carburants, est venue les soutenir. « Ce qui ressort de toutes les personnes qui ont quelque chose à dire, c’est qu’on veut retrouver du pouvoir d’achat et avoir notre mot à dire dans les décisions », a-t-elle déclaré. « On veut un référendum sur la mise en place du RIC [référendum d’initiative citoyenne], la baisse des taxes sur les produits de première nécessité et la baisse des rentes du gouvernement. C’est à la population de décider. »

Dix-sept interpellations à Amiens

Dix-sept participants au mouvement des « gilets jaunes » ont été interpellées à Amiens, où une manifestation a eu lieu malgré l’interdiction de tout rassemblement par la préfecture jusqu’au 2 janvier, a appris l’AFP auprès du parquet. Les forces de l’ordre ont par ailleurs procédé à cinq interpellations autour d’Albertville (Savoie) dans la journée de samedi, a indiqué la préfecture du département, qui avait déclaré ne vouloir tolérer aucun blocage des routes menant aux stations de sports d’hiver.

Les personnes interpellées l’ont été au péage de Sainte-Hélène-sur-Isère et à un rond-point situé à l’entrée d’Albertville, soit les deux points de rassemblement du jour pour les « gilets jaunes » de Savoie. Toujours selon la préfecture, des pneus ont été incendiés sur la bande d’arrêt d’urgence de l’A43 et des forces de l’ordre ont été caillassées.

A Rouen, les locaux de la Banque de France visés

La porte d’enceinte de la Banque de France a été incendiée samedi à Rouen lors d’une manifestation de « gilets jaunes » qui a réuni environ un millier de personnes sur fond de heurts avec la police, a indiqué l’AFP en citant des informations de la préfecture de Seine-Maritime. « Les gilets jaunes ont mis un stock de poubelles près de la porte puis y ont mis le feu », a précisé la préfecture. La police du département a fait état sur son compte Twitter de « jets de projectiles, feux de poubelles, barricades » dans le centre-ville de Rouen.

Les pompiers sont intervenus à vingt-cinq reprises dans la ville normande pour éteindre des feux sur la voie publique. Six personnes ont été interpellées, notamment pour des jets de projectiles.

En Bretagne, blocages autour de magasins du groupe Mulliez

Des « gilets jaunes » manifestent dans plusieurs villes de Bretagne devant des enseignes qui appartiendraient selon eux « à la famille Mulliez » – notamment propriétaire des magasins Auchan, des enseignes Flunch ou Leroy Merlin. Plusieurs dizaines d’entre eux bloquaient dans la matinée les accès au Décathlon de Morlaix (Finistère), a pu constater un journaliste du Monde sur place.

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Certains manifestants présents affirment que la famille Mulliez aurait financé la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, que le groupe « ne paye pas ses impôts en France » et qu’il voudrait licencier certains de ses salariés alors qu’il aurait « amplement bénéficié du CICE », le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.

Des rassemblements prévus pour la nuit de la Saint-Sylvestre

Pour cette nouvelle journée d’action, les « gilets jaunes » se montrent plus discrets sur les réseaux sociaux qui leur servent de plates-formes d’échanges depuis le début du mouvement. Pour surprendre les forces de l’ordre notamment, les actions et les lieux de rassemblement sont maintenant annoncés à la dernière minute.

Sur le terrain, les actions s’étiolent : cette semaine, les forces de l’ordre ont poursuivi les évacuations de rond-point, alors que quelque 2 500 personnes étaient mobilisées quotidiennement ces derniers jours contre 4 000 la semaine précédente.

Toutefois certains « gilets jaunes » ont aussi déjà en point de mire la soirée du réveillon. Plusieurs rassemblements sont attendus la nuit de la Saint-Sylvestre, notamment sur le pont d’Aquitaine à Bordeaux, ou sur les Champs-Elysées à Paris où se réunissent traditionnellement quelques milliers de Parisiens et de touristes pour le passage de la nouvelle année.

Le mouvement, qui dure depuis un mois et demi, a largement décru ces dernières semaines : 38 600 manifestants en France le 22 décembre, contre 66 000 une semaine plus tôt et 282 000 pour la première journée de mobilisation le 17 novembre, d’après les chiffres du gouvernement.

Depuis le début du mouvement en novembre, dix personnes sont mortes sur des points de blocage et plus de 1 500 manifestants ont été blessés sur les ronds-points ou lors de manifestations, dont une cinquantaine grièvement.

Le Monde avec AFP

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