L’intelligence artificielle (IA) est à la mode. Rien que dans Le Monde et sur Lemonde.fr, le sujet a été évoqué dans 200 articles en 2017, soit presque 15 % de plus qu’en 2016. Il en a été question dans tous les domaines : en économie, en science, et même en politique. Le député de l’Essonne et mathématicien Cédric Villani vient de rendre un long rapport à ce sujet que lui avait commandé le premier ministre.
Il reste à savoir ce que cache ce terme. Bien sûr, il y a ces fantastiques percées montrant que des machines surpassent désormais l’homme dans des tâches spécifiques. Dans le secteur de la santé, elles repèrent mieux que les médecins des mélanomes ou des tumeurs du sein sur des images médicales. Dans le transport, elles causent moins d’accidents que des chauffeurs. Sans compter les autres avancées : la reconnaissance vocale, l’art du jeu (poker, go), l’écriture, la peinture ou la musique.
En coulisse de ce monde si particulier s’activent les géants du numérique (Google, Facebook, Amazon, Microsoft, IBM, Baidu…) ou des start-up désireuses de leur voler la vedette.
Elon Musk vs Mark Zuckerberg
Bien sûr, ces développements posent question. Les conséquences sur l’emploi inquiètent, celles sur la responsabilité légale en cas de bug paraissent sans réponse. Sans oublier la protection de la vie privée face à ces robots capables de tout voir, tout entendre, tout prévoir (ou presque) et d’envoyer les données ainsi récoltées sur les serveurs d’entreprises dont on ne sait pas toujours ce qu’elles en feront. Déjà, les dérapages ne manquent pas. Des informaticiens n’ont-ils pas mis au point un système de détection de l’orientation sexuelle à partir de simples photos de personnes ?
« Je n’arrête pas de tirer la sonnette d’alarme, mais tant que les gens ne verront pas des robots descendre dans la rue pour tuer tout le monde, ils ne sauront pas comment réagir », déclarait à l’été 2017 Elon Musk, le patron du constructeur automobile Tesla et de l’entreprise spatiale SpaceX. Ces propos ont déclenché une réaction cinglante du patron de Facebook, Mark Zuckerberg, qui les a qualifiés d’« irresponsables » et s’est empressé de vanter les avancées promises selon lui par l’IA. « J’ai discuté avec Mark [Zuckerberg] de tout cela, a répondu Elon Musk sur Twitter. Sa compréhension du sujet est limitée. »
L’IA échauffe tant les esprits qu’il devient nécessaire de faire le tri entre fantasmes et réalité, promesses séduisantes et risques bien réels.
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