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Cédric Villani : « Ce qui a “buggé” dans APB, ce n’est pas le logiciel, mais bien l’Etat »

Pour le député LRM, les pouvoirs publics devront tirer les leçons des déboires du logiciel d’admission post-bac. A l’avenir, il leur faudra prendre leurs responsabilités dans la mise en œuvre des algorithmes.

Publié le 06 décembre 2017 à 06h00, modifié le 07 décembre 2017 à 10h31 Temps de Lecture 5 min.

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Cedric Villani, député (LRM) de l’Essonne, membre de l’Académie des sciences, le 2 juin 2017.

Tribune. « Bugs d’Etat ». La « une » d’un grand quotidien français, il y a quelques semaines, dénonçait sans pitié Louvois [le logiciel de paie de l’armée française], APB [Admission post bac] et la PNIJ [Plateforme nationale des interceptions judiciaires] comme trois exemples de logiciels « dysfonctionnels » qui « font planter » les administrations.

Mais tous ces cas sont différents, et l’exemple de l’APB est bien plus gênant qu’il n’y paraît. Car le logiciel en lui-même n’a rien à se reprocher : aucune erreur notable de programmation, aucun abus de pouvoir des programmeurs. Comme le dit le rapport incisif de la Cour des comptes d’octobre, « ces défauts ne sont pas techniques mais relèvent de dispositions juridiques et de décisions politiques ».

Riche d’enseignements

Les auditions récentes de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), consultables sur le site de l’Assemblée nationale, l’ont confirmé : ce qui a « buggé » dans APB, ce n’est pas le logiciel, mais bien l’Etat. Et l’analyse de ce bug est riche d’enseignements pour la suite – bien au-delà du problème spécifique de l’affectation des étudiants.

Commandé en 2001 dans une première version, le logiciel APB a été mis en place à partir de 2003 pour les classes préparatoires, et déployé en 2009 pour l’ensemble de l’enseignement supérieur, avec quelques exceptions. En centralisant et en automatisant l’admission, APB a accéléré et simplifié une procédure que les acteurs jugeaient insupportablement lente et complexe.

APB avait pour ambition de mettre fin aux interminables files d’attente et à la confusion des guichets multiples, mais aussi aux stratégies tortueuses : il s’agissait de laisser les étudiants classer sincèrement les formations selon leur ordre de préférence. Au cœur du logiciel, on choisit donc l’algorithme de Gale-Shapley, dit des « mariages stables » (car il s’agit bien de « marier » chaque étudiant à une formation), inventé pour résoudre ce type de situations.

Communication trop rare et parfois erronée

APB a tenu le choc face à la multiplication des filières – par un facteur 15 en dix ans. Malgré cela, la démographie universitaire galopante a mis en tension le processus dans les filières « non sélectives », qui ont connu près de 50 % d’augmentation des inscriptions entre 2012 et 2016. La procédure se fit plus lente ; la généralisation du tirage au sort fit, à juste titre, scandale. Mais ce n’était là que la conséquence de problèmes qui relèvent de la responsabilité politique.

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