Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Enquête anticorruption sur Airbus : comment donner le dernier coup de pouce aux ventes délicates

Pour rémunérer des intermédiaires influents, certaines multinationales utilisent des structures « respectables » comme sas de versement.

Par  et

Publié le 20 décembre 2018 à 12h18, modifié le 20 décembre 2018 à 12h18

Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Un A350 d’Airbus de la Malaysia Airlines, à Sepang, en Malaisie.

Depuis le renforcement, en 2009, de la lutte internationale contre la corruption d’agents publics étrangers, les entreprises fraudeuses ont dû faire preuve d’imagination pour remplacer les porteurs de valises qui distribuaient des bakchichs. Des flux d’argent transitent désormais au travers de paradis fiscaux et, autre scénario possible, la création de structures a priori respectables (ONG, associations…), mais qui servent en réalité de « sas » de versement de dessous-de-table. L’objectif est toujours le même : rémunérer un intermédiaire qui, à son tour, verse des pots-de-vin à un officiel en position de décider quelle société se verra attribuer un marché public ou privé.

Tracer ces modes opératoires est un défi pour les parquets financiers. Selon les informations recueillies par Le Monde auprès d’anciens du Strategy and Marketing Organisation (SMO), le département d’Airbus, aujourd’hui dissous, qui aidait les commerciaux à conclure, par tous les moyens, les ventes les plus délicates, plusieurs pistes intéressent les enquêteurs français, anglais et américains. A commencer par les centres de maintenance aéronautique. « Le SMO a utilisé plusieurs centres de maintenance aéronautique [les MRO ou Maintenance, Repair and Operations] créés un peu partout dans le monde et liés à Airbus pour honorer ses engagements envers ses intermédiaires », raconte un ancien du département stratégique.

L’économie du système, utilisé par d’autres firmes internationales, est simple : un constructeur prend une participation dans un MRO créé par l’un de ses intermédiaires, déjà actionnaire de la structure. Pour rémunérer ses services cachés auprès d’officiels, l’industriel a plusieurs options : lui distribuer des dividendes surévalués ; lui racheter ses actions à prix d’or ; lui vendre les siennes à vil prix.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La justice américaine a ouvert une enquête sur Airbus

Maintenance aéronautique

Ce schéma aurait-il pu être utilisé par Airbus en Malaisie, où la compagnie Malaysia Airlines est une fidèle cliente ? En 2011, le groupe entre à hauteur de 40 % dans le capital de Sepang Aircraft Engineering (SAE), un MRO créé en 2007 et basé sur l’aéroport de Kuala Lumpur. Le fondateur de l’entreprise et actionnaire principal à 60 % est un homme d’affaires connu, membre de la famille du sultan de Selangor, lui-même proche de l’ex-premier ministre malaisien Najib Razak, arrêté en juillet pour corruption.

Deux questions se posent au sujet de cette entrée au capital de l’avionneur en 2011. Pourquoi avoir participé à l’implantation de SAE – dont Airbus deviendra actionnaire à 100 % en octobre 2017 –, alors que la concurrence était rude dans la région, où il existait déjà de nombreux MRO ? Et, surtout, si le projet était économiquement fondé, pourquoi l’opération n’est mentionnée dans aucun rapport annuel d’Airbus depuis 2012 ? Cette prise de participation de 40 % est uniquement évoquée dans un communiqué de presse en octobre 2013.

Il vous reste 35.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.