Cuba ne sera plus dirigé par un Castro. Raul, 86 ans, général, ministre des Forces armées révolutionnaires (FAR) pendant un demi-siècle, puis successeur de son frère aîné Fidel (1926-2016), devait passer la main à la tête de l’Etat cubain, jeudi 19 avril, après avoir effectué deux mandats de cinq ans comme président du Conseil d’Etat et du conseil des ministres (2008-2018). Il avait lui-même établi une limite de deux mandats consécutifs de cinq ans pour la présidence.
C’est un événement historique : pour la première fois, un Castro ne tiendra pas le gouvernail du régime issu de la révolution de 1959. Raul Castro ne s’éloignera cependant pas du pouvoir, puisqu’il devrait continuer à occuper le poste clef de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC, parti unique) jusqu’au prochain congrès prévu en 2021.
Mais le président ne cumulera pas ses fonctions avec celles de chef du parti. Le castrisme entame ainsi une relève générationnelle. Les commandants de la guérilla et les dirigeants de la « génération historique » font un pas de côté au profit de cadres nés après la prise de pouvoir par les Castro. Miguel Diaz-Canel, 57 ans, le successeur désigné, qui devrait être élu par l’Assemblée nationale cubaine jeudi au terme de deux jours de sessions, a fait sa carrière politique en province, avant d’être coopté par la direction du PCC.
« Nous sommes face à une succession sans transition, estime l’historien cubain Rafael Rojas, professeur invité à l’université de Yale (Etats-Unis). Cette succession autoritaire, où les Cubains n’ont pas eu leur mot à dire, ne s’accompagne pas d’une transition vers la démocratie. »
Transformation en profondeur
Les dix ans de présidence de Raul Castro ont transformé en profondeur la vie des Cubains, sans pour autant remettre en cause le castrisme. A en croire les officiels, les nombreux changements introduits constituent une simple « actualisation du modèle socialiste cubain ». La principale avancée a été le rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis, en 2015, après cinquante-cinq ans de guerre froide tropicale.
Même si l’embargo américain n’a pas été levé, l’ennemi héréditaire, cible de toutes les diatribes de Fidel Castro, devenait enfin un voisin fréquentable, dont le gouvernement cubain espérait attirer un maximum de touristes. La visite du président Barack Obama à La Havane, en 2016, souleva un immense espoir parmi les Cubains, qui affichèrent leur enthousiasme sans retenue : le drapeau américain s’exhibait sur les balcons, comme sur les vêtements ou les véhicules. Pour le professeur Rojas. « Le tournant diplomatique était en phase avec les changements internes à Cuba Lors de sa visite à La Havane. »
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