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Opiacés : portrait d’une Amérique à la dérive

Chaque jour, aux Etats-Unis, plus de 130 personnes meurent d’une overdose d’opioïdes. Une crise sanitaire inédite liée à la généralisation de cette classe de médicaments antidouleur. Le photographe Jérôme Sessini a arpenté ces territoires naufragés.

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Publié le 21 mars 2019 à 06h15, modifié le 21 mars 2019 à 12h21

Temps de Lecture 4 min.

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Dans le quartier de Kensington, à Philadelphie.

Si les visages semblent dévastés, les corps cassés et les regards perdus, les clichés ne montrent pas seulement la détresse de drogués en quête de dose. Les rues cabossées, les bâtiments délabrés, les usines abandonnées intéressent aussi Jérôme Sessini, pour qui l’environnement raconte autant la crise des opioïdes aux Etats-Unis qu’une aiguille dans une veine. Car cette maladie-là ne ressemble à aucune autre.

  • Victime d’une overdose, ce jeune homme sera finalement sauvé par une injection de naloxone.

    Les overdoses d’opioïdes tuent chaque jour une centaine de personnes aux Etats-Unis. Le photographe Jerôme Sessini s’est penché sur cette crise sanitaire majeure.

    Victime d’une overdose, ce jeune homme sera finalement sauvé par une injection de naloxone. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Dans une rue de Kensington, à Philadelphie.

    Dans une rue de Kensington, à Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Dans le quartier de Kensington, Philadelphie.

    Dans le quartier de Kensington, Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Dans le quartier de Kensington, Philadelphie.

    Dans le quartier de Kensington, Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • A Chillicothe, dans l’Ohio. Accro à l’héroïne depuis trois ans, Missy, 30 ans, s’est vu retirer ses trois enfants par les services sociaux.

    A Chillicothe, dans l’Ohio. Accro à l’héroïne depuis trois ans, Missy, 30 ans, s’est vu retirer ses trois enfants par les services sociaux. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Dans les rues de Kensington, quartier de Philadelphie ravagé par la consommation d’opioïdes.

    Dans les rues de Kensington, quartier de Philadelphie ravagé par la consommation d’opioïdes. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Dans le quartier de Kensington, Philadelphie.

    Dans le quartier de Kensington, Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Un centre commercial désaffecté à Philadelphie.

    Un centre commercial désaffecté à Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Dans le quartier de Kensington, Philadelphie.

    Dans le quartier de Kensington, Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Un sex-shop dans les rues de Kensington, quartier de Philadelphie.

    Un sex-shop dans les rues de Kensington, quartier de Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • Richy jouant avec ses chiens devant son magasin de matelas, sur Kensington Avenue, Philadelphie.

    Richy jouant avec ses chiens devant son magasin de matelas, sur Kensington Avenue, Philadelphie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

  • A Youngstown, dans l’Ohio. La ville est marquée par le déclin de la sidérurgie.

    A Youngstown, dans l’Ohio. La ville est marquée par le déclin de la sidérurgie. Jérôme Sessini/Magnum Photos

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Son origine, son ampleur, le profil des personnes qu’elle fauche : avec les opiacés, tout semble inédit et voué au superlatif. En 2017, 70 000 overdoses mortelles ont endeuillé les Etats-Unis, une hécatombe sans équivalent devenue un problème de santé publique aux nombreuses implications : familles disloquées, orphelins placés, nouveau-nés dépendants, survivants souffrant de lourdes pathologies, prostitution.

Le photographe de Magnum s’est plongé dans cette Amérique à la dérive, au gré d’échanges éphémères ou de vraies rencontres sur les trottoirs de Kensington, un quartier de Philadelphie (Pennsylvanie), et de villes de l’Ohio. Un travail qu’il pourra poursuivre grâce au prix Pierre et Alexandra Boulat qui lui a été attribué en septembre 2018.

« Cette drogue est celle de la solitude, de la déshérence, pas de celles que l’on prend entre potes pour rigoler. » Jérôme Sessini

« Je me suis intéressé à cette épidémie car elle touche les classes moyennes blanches dans des zones postindustrielles, une rupture par rapport à la crise de l’héroïne qui décimait les milieux urbains dans les années 1970, ou celle du crack, concentrée dans les quartiers noirs une à deux décennies plus tard. » Une sorte de miroir pour ce Lorrain originaire d’une région frappée par la désindustrialisation à la fin des années 1970.

L’envie aussi de raconter que la drogue, là comme ailleurs, n’est pas seulement la maladie des cités, alimentée par un supposé « malaise des jeunes ». « Cette drogue est celle de la solitude, de la déshérence, pas de celles que l’on prend entre potes pour rigoler. » Ses clichés dépeignent cela : une Amérique laissée sur le bord du chemin, des villes à l’arrêt, que leurs habitants n’ont pas su quitter à temps.

« J’ai vu des gens qui avaient fait sept ou huit overdoses, mais qui continuaient. » Jérôme Sessini

Mais la démarche de Jérôme Sessini n’est pas que journalistique ; sa quête s’est doublée d’un défi personnel. Passé lui-même par des phases d’addiction depuis l’adolescence, le photographe reconnaît avoir voulu se confronter de nouveau à ce monde rythmé par les prises quotidiennes. « J’étais curieux de savoir comment j’allais le vivre. C’était comme un challenge. »

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