Féru de technologies numériques, Sumit s’est démené pour faire partie des Indiens qui expérimentent, depuis février 2018, le nouveau service de paiement mobile de WhatsApp. Comme un million d’autres personnes choisies par l’application américaine – détenue par Facebook – pour former un échantillon test dans le sous-continent, il lui a fallu obtenir une invitation par le truchement de sa messagerie.
Sumit est arrivé à ses fins et s’amuse, depuis quelques semaines, à ordonner de petits virements bancaires. Salarié d’une entreprise de grande distribution sise à Bombay, le jeune homme jubile. « C’est très convivial. Je peux effectuer les opérations en trois clics seulement. Je suis sûr que ça va cartonner », anticipe-t-il.
La société WhatsApp, elle, n’est pas très diserte sur le sujet. Il se murmure que son service de paiement enregistrerait un million de transactions par mois et qu’il serait généralisé à l’ensemble de l’Inde au premier trimestre de cette année. Encore faut-il que ses dirigeants s’accordent avec la Banque centrale (Reserve Bank of India) laquelle, par souci de traçabilité, exige que lesdites transactions soient opérées en Inde, et non sur les serveurs californiens de Facebook.
Perspective prometteuse
Si WhatsApp tient à cette diversification, c’est parce que l’Inde, où son service de messagerie jouit d’une très forte popularité, constitue son premier débouché : 210 millions d’utilisateurs actifs s’y connectent chaque jour. Ils représentent une base client stratégique, dans un pays de près de 1,3 milliard d’habitants, où 80 % de la population possèdent un téléphone portable.
Selon la banque Credit Suisse, les paiements mobiles y représentent aujourd’hui 200 milliards de dollars (174 milliards d’euros) par an. En 2023, ils pourraient drainer 1 000 milliards de dollars de transactions. Une perspective prometteuse, même si cela reste loin des niveaux atteints en Chine, où les paiements mobiles s’élèvent à 5 000 milliards de dollars, grâce notamment au succès de la messagerie WeChat.
« On estime que plus de trois cents millions d’Indiens effectuent aujourd’hui des paiements dématérialisés », note Vivek Belgavi, associé du cabinet PwC à Bombay
« En Inde, WhatsApp dispose d’une forte masse critique pour se lancer dans cette activité. C’est un avantage certain par rapport aux concurrents existants ou potentiels », estime Vivek Belgavi, associé du cabinet PwC à Bombay. D’après ce spécialiste en technologie financière, le gouvernement de Narendra Modi fait la guerre à l’argent liquide et mène depuis bientôt cinq ans, à travers son programme Digital India, une politique « volontariste » en faveur des nouveaux moyens de paiement. Celle-ci s’est traduite par la mise en place, par le secteur bancaire, de la plate-forme Unified Payments Interface (UPI), destinée à sécuriser les mouvements d’argent virtuels.
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