Tribune. Une colère gronde sur nos campus, les assemblées générales accueillent un public de plus en plus nombreux, les cours sont suspendus les uns après les autres. Et pourtant, à entendre les déclarations du gouvernement, tous les étudiants passeront leurs examens. Circulez, y’a rien à voir ! Il nous paraît essentiel de revenir sur la situation à laquelle nous sommes toutes et tous confrontés à l’heure des partiels et de rappeler un certain nombre de faits.
En focalisant sa communication sur l’organisation des examens, le gouvernement a imposé aux universités de renoncer à l’organisation sereine et concertée d’évaluations dignes de ce nom, renforçant ainsi les tensions au sein de la communauté universitaire. Dans ce contexte, nous avons été nombreux à nous poser une question centrale : quel sens auraient des partiels alors que certains étudiants n’ont eu qu’un seul mois de cours il y a de cela plusieurs semaines ?
Pour répondre aux injonctions gouvernementales, des « partiels » ont cependant été maintenus et devaient commencer cette semaine à Paris-I sans qu’aucune des conditions nécessaires à leur bon déroulement ne soit réunie, sous l’œil des CRS et dans le mépris le plus total des appels à la raison des assemblées générales des personnels appelant à leur annulation ou à leur report.
Absence de cohérence pédagogique
Etant donné l’ampleur de la mobilisation actuelle, dans notre université et partout en France, pourquoi s’obstiner à affirmer que l’opposition à la tenue des partiels n’est le fait que de quelques « agitateurs professionnels », d’étudiants opportunistes ? Eh bien non. Pour nous, enseignants à l’université Paris-I, attachés à la réussite effective des étudiants et à une évaluation juste, c’est bel et bien la tenue de ces simulacres d’examens qui est irresponsable.
Plus fondamentalement, le métier d’enseignant ne consiste pas à délivrer des notes ou des certifications vides de sens ; cette course aux résultats rappelle malheureusement que l’éducation est précipitée dans une logique marchande où la note primerait sur la pédagogie, les contenus, les savoirs et les échanges. Au contraire, la tenue des partiels et leur instrumentalisation par un gouvernement qui tient à les maintenir coûte que coûte se font au mépris de l’équité entre les étudiants et de toute cohérence pédagogique.
Une université qui fonctionne n’est pas une université dont la mission principale serait la sélection et l’évaluation
Une université qui fonctionne n’est pas une université dont la mission principale serait la sélection et l’évaluation. C’est une université qui dispense des contenus pédagogiques, transmet des savoirs et forme l’esprit critique des étudiants. C’est une université qui est en mesure d’assurer la libre expression et reconnaissance de toutes celles et tous ceux qui y travaillent et y étudient.
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