Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« L’architecture de la non-prolifération nucléaire de l’après-guerre froide s’effondre »

En tuant le traité sur les missiles de portée intermédiaire, Trump et Poutine ont signé l’effondrement de l’architecture du désarmement nucléaire, analyse dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 06 février 2019 à 06h03, modifié le 06 février 2019 à 06h03 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Donald Trump et Vladimir Poutine, à Helsinki, le 16 juillet 2018.

Chronique. Qui l’eût cru ? Quiconque aurait spéculé, il y a seulement deux ans, que le président des Etats-Unis pouvait annoncer le retrait de son pays de l’OTAN dans son discours sur l’état de l’Union, serait passé au mieux pour un ignare béat, au pire pour un sous-marin de la propagande du Kremlin déguisé en expert de la télévision Russia Today.

Mais nous sommes en 2019, le président des Etats-Unis s’appelle Donald Trump et le QG de l’OTAN à Bruxelles est en plein émoi, au moment où l’Alliance atlantique s’apprête à fêter ses 70 ans. Une petite phrase, dont le New York Times s’est fait l’écho en janvier et qui a semé l’effroi dans les milieux atlantistes de Washington, aurait été entendue plusieurs fois dans le Bureau ovale ces derniers mois : « Et pourquoi pas quitter l’OTAN ? »

De quoi faire dresser sur la tête les cheveux de l’amiral James Stavridis – qui n’en a plus guère –, ancien commandant suprême de l’organisation transatlantique, pour lequel une telle décision serait « une erreur géopolitique de proportions épiques ». De quoi, aussi, alarmer suffisamment le Congrès pour que la Chambre des représentants vote, le 22 janvier, un texte permettant de bloquer toute tentative de la Maison Blanche de quitter l’OTAN.

Un paysage radicalement modifié

Plus de peur que de mal : le président Trump, qui n’aime pourtant rien de mieux que de dénoncer des traités qu’il n’a pas signés lui-même, s’est abstenu d’annoncer le retrait américain de l’OTAN dans son discours sur l’état de l’Union, mardi soir.

Mais c’est dans ce contexte d’extrême fragilisation des relations entre l’Europe et les Etats-Unis qu’il vient de suspendre pour six mois la participation de Washington au traité russo-américain sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (FNI).

De fait, il signe l’arrêt de mort d’un accord que la Russie a d’autant moins d’intérêt à ressusciter qu’elle le viole allègrement. L’administration Obama, en son temps, avait déjà accusé Moscou de déployer de nouveaux missiles contrevenant au traité FNI ; une violation que les Européens, plus lents à vérifier, ont fini par confirmer.

La nouveauté n’est donc pas la dénonciation du traité elle-même, mais le paysage géostratégique radicalement modifié qu’elle met en lumière. Trois éléments marquent ce paysage.

C’est, d’abord, l’effondrement de l’architecture de la non-prolifération de l’après-guerre froide. Conclu en 1987 entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, au crépuscule du bloc soviétique, ce traité était un pilier du système de désarmement nucléaire des deux grandes puissances. De cette architecture, il ne reste plus que le traité New Start, qui limite le nombre d’ogives de longue portée, et qui expire en 2021. Les experts ne se bousculent pas pour prédire son renouvellement.

Il vous reste 55.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.