Le nombre de plaintes pour viol et agression sexuelle enregistrées par les forces de l’ordre est en « forte hausse » en 2018, selon des données statistiques du ministère de l’intérieur publiées jeudi 31 janvier.
Celles pour viol ont augmenté de près de 17 % et celles pour agression sexuelle ont bondi d’environ 20 %, a rapporté le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) dans son bilan annuel. Des hausses sensibles avaient aussi été enregistrées les années précédentes concernant les violences sexuelles (+ 11 % en 2017) – un champ qui rassemble les viols, tentatives de viol, les agressions sexuelles y compris le harcèlement sexuel.
L’institution met en avant le « contexte de libération de la parole et de prise de conscience collective des violences faites aux femmes né de l’affaire Weinstein qui a éclaté en octobre 2017 [aux Etats-Unis] et du mouvement #metoo qui s’en est suivi ». La hausse des plaintes « procède sans doute à la fois d’une plus grande révélation des faits et d’un abaissement du seuil de tolérance à ce type de violences », note le rapport.
Une victime sur huit dépose plainte
L’enquête Cadre de vie et sécurité (CVS), conduite chaque année auprès des personnes de 18 à 75 ans, montre que sur la période 2011-2017 les violences sexuelles ont fait en moyenne 235 000 victimes en France métropolitaine. Celles-ci sont très majoritairement des femmes (80 %) et souvent de jeunes adultes (les 18-29 ans représentent 36 % des victimes). Globalement, dans 30 % des cas, le conjoint ou l’ex-conjoint est l’auteur des violences.
Mais l’enquête révèle, malgré tout, les limites importantes du système judiciaire actuel. Selon ce rapport, l’écrasante majorité des victimes de violences sexuelles n’ont pas fait le déplacement au commissariat ou à la gendarmerie pour signaler les faits qu’elles ont subis (83 % en moyenne sur la période 2011-2017). Dans l’ensemble, seule une victime sur huit a déposé plainte. En 2018, en revanche, « l’augmentation des violences sexuelles enregistrées s’inscrit dans un contexte d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services », salue le rapport.
La hausse des signalements des victimes dans les services de police et de gendarmerie « devait se poursuivre à partir de décembre 2018 », souligne le SSMSI, avec notamment la mise en place par le ministère de l’intérieur du portail de signalement des violences sexuelles et sexistes le 27 novembre 2018.
« En facilitant les contacts avec un policier ou un gendarme, cette plate-forme permet à la victime un suivi adapté et personnalisé en l’accompagnant de chez elle dans ses démarches vers la brigade de gendarmerie ou le commissariat compétent ainsi que vers les associations qui peuvent lui venir en aide », peut-on lire.
Selon le rapport du service statistique ministériel de la sécurité intérieure publié jeudi 31 janvier, les destructions et dégradations de biens qui enregistrent « globalement une légère baisse en 2018 », ont fortement progressé « en fin d’année, dans le contexte des manifestations sociales » des « gilets jaunes ».
Au cours des sept derniers samedis de l’année, les incendies volontaires ont augmenté de 237 % par rapport à la même période de l’année précédente. Par ailleurs, l’augmentation est de 87 % concernant les dégradations et les destructions de biens publics et de 28 % pour les destructions et dégradations de véhicules privés.
Le rapport note également une hausse marquée des dégradations et des violences et outrages aux personnes dépositaires de l’autorité publique à Paris à partir du samedi 24 novembre, « suivie d’une diffusion dans plusieurs grandes villes, notamment Toulouse, Saint-Etienne et Marseille. »
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