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« Les Kurdes ont été au premier plan de la lutte contre l’EI. Méritent-ils le cynisme des grandes puissances ? »

Dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », déplore que les combattants kurdes soient à nouveau abandonnés, en Syrie comme en Irak.

Publié le 22 mars 2018 à 06h38, modifié le 22 mars 2018 à 10h15 Temps de Lecture 3 min.

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Chronique. Sans les Kurdes, la barbarie de l’organisation dite Etat islamique (EI) sévirait encore. Les djihadistes disposeraient toujours de leurs points d’appui en Syrie et en Irak. Les « hommes en noir » asserviraient les populations locales. A Mossoul, en Irak, ils fabriqueraient de la voiture piégée à la chaîne – pour tuer et mutiler ici et là. A Rakka, en Syrie, ils entraîneraient de jeunes Européens, convertis à leur cause, pour qu’ils repartent semer la mort – à Bruxelles, Paris et ailleurs.

Aux Etats-Unis et en Europe, on présentait la lutte contre le terrorisme islamiste comme une priorité stratégique. On assurait qu’il s’agissait d’une « guerre » à mener sur tous les fronts. La menace était jugée « existentielle ». Nos alliés dans ce combat seraient nos frères d’armes. On ne les oublierait pas, juré, promis. C’était hier. Entre-temps, l’EI a été défait, en tout cas singulièrement affaibli, chassé de Mossoul et de Rakka. Soulagement en Europe et aux Etats-Unis. On peut passer à autre chose.

Aujourd’hui, la Turquie et ses supplétifs occupent le nord-ouest de la Syrie. Notre alliée de l’OTAN y traque les Kurdes, nos alliés de la lutte contre l’EI. Dans le chaos des guerres syriennes, les 2 à 3 millions de Kurdes de Syrie se sont taillés, sous la houlette du Parti de l’union démocratique (PYD), une région autonome le long de la frontière avec la Turquie. Ils l’appellent le Rojava. Le PYD est proche du PKK – les autonomistes kurdes de Turquie, en guerre contre Ankara depuis quarante ans –, que les Etats-Unis et les Européens considèrent comme une organisation terroriste, non sans quelque raison.

Une étonnante équipée

L’armée turque ne veut pas que le Rojava serve de base arrière au PKK, même si aucune attaque contre la Turquie n’a été lancée depuis la Syrie. Elle entend démanteler le Rojava. Elle a le feu vert de la Russie, qui laisse l’aviation turque bombarder les villages kurdes.

Sur le terrain, Ankara a recruté des milliers de combattants arabes de Syrie, pour la plupart des islamistes, dont des anciens d’Al-Qaida et de l’EI, rapporte le journaliste Patrick Cockburn, l’un des meilleurs connaisseurs de la région. Pour casser du Kurde, se trouve ainsi constituée une étonnante équipée : la Russie, ennemie de l’OTAN, la Turquie, membre de l’OTAN, et une vaste soldatesque islamiste, en principe ennemie des Russes…

Le PYD a des tendances autocratiques. Ne voulant pas se mêler de l’affrontement entre Damas et la rébellion syrienne, il a pactisé, ici et là, avec Bachar Al-Assad. Mais ce sont les femmes et les hommes du PYD qui ont libéré tout le nord-ouest syrien de la présence de l’EI. Sans ces combattants admirables, l’aviation américaine n’aurait pas suffi pour prendre Rakka. Sans eux, qui sont intervenus aussi en Irak, les yézidis du mont Sinjar auraient été massacrés jusqu’au dernier. Les Kurdes ont été l’instrument au sol de la défaite de l’EI en Syrie. Dans cette bataille, ils ont perdu des centaines de combattants.

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