Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Montpellier, des étudiants violemment expulsés de la fac de droit par des individus cagoulés

Une douzaine d’hommes cagoulés ont agressé, jeudi soir, des étudiants qui occupaient un amphithéâtre

Par 

Publié le 23 mars 2018 à 15h40, modifié le 24 mars 2018 à 10h14

Temps de Lecture 4 min.

Capture d’écran vidéo de l’évacuation violente des occupants de la faculté de droit de Montpellier.

Le procureur de la République de Montpellier, Christophe Barrel, a décidé, vendredi 23 mars, d’ouvrir « une enquête pour des faits de violences en réunion et avec arme » après la violente agression par un groupe d’hommes cagoulés dont ont été victimes, dans la nuit de jeudi à vendredi, des étudiants qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit de l’université de Montpellier.

Cette occupation avait été décidée quelques heures plus tôt, lors d’une assemblée générale qui avait réuni des participants de la manifestation opposés à la loi modifiant les règles d’accès à l’université, dont la nouvelle plate-forme Parcoursup. Ils avaient alors voté la tenue d’une nouvelle AG, vendredi à 8 heures, et choisi d’occuper les locaux dans l’intervalle pour s’assurer d’y avoir toujours accès.

Axel Pessemier, étudiant en troisième année de licence de l’université Montpellier-III-Paul-Valéry, faisait partie des occupants. Interrogé par Le Monde, il témoigne :

« Peu après minuit, nous étions tranquillement en train de manger, d’écouter de la musique. Nous étions encore 40 à 50 sur place, quand un groupe d’une dizaine d’individus, cagoulés et armés de bâtons et de morceaux de palettes de bois brisés se sont introduits dans l’amphithéâtre par les portes annexes, alors que les agents de sécurité de l’université gardaient les portes principales. Ils nous ont bousculés, frappés. Certains d’entre nous sont tombés à terre, ils ont encore été frappés. »

Un témoignage qui corrobore point par point celui de plusieurs étudiantes présentes sur les lieux et interrogés par Le Monde.

Alors que l’amphithéâtre était calme et sous le contrôle de la sécurité de l’université, « le groupe d’agresseurs est entré sans difficulté », souligne Thomas Levy, qui fait partie du personnel administratif de l’université Paul-Valéry et qui participe à la mobilisation. L’une des vidéos prises durant l’agression montre, en effet, des personnels de sécurité présents dans le haut de la salle alors que les agresseurs évacuent violemment les occupants en partant du bas ou des côtés de l’amphithéâtre.

Le doyen de la faculté mis en cause par les étudiants

Selon plusieurs témoignages, les grilles de la faculté ont été refermées dès l’expulsion des manifestants. « Une étudiante était blessé, à terre et la grille se baissait sur elle alors que les hommes cagoulés l’électrocutaient avec un tazer », témoigne Zoé, étudiante à l’université de Montpellier. Les occupants expulsés, les gardiens comme les agresseurs sont restés ensemble à l’intérieur de l’établissement. Certains étudiants présents ont d’ailleurs accusé le doyen de la faculté de droit de Montpellier, Philippe Pétel, d’avoir laissé faire cette évacuation musclée. Ce dont il s’est défendu avec vigueur, assurant auprès de CheckNews, le site de fact checking de Libération qu’il n’était pas « à l’initiative de la venue de ces hommes en noir » et que « parmi les personnes cagoulées, oui, c’est possible qu’il y ait eu un prof de droit ».

Interrogé par France 3, Philippe Pétel a affirmé qu’il n’avait fait « entrer personne » et évoque « une cinquantaine d’étudiants qui étaient là et qui ont voulu se défendre », avant d’ajouter que les étudiants en droit présents étaient « tous contre l’occupation ». Quant à la tenue des « défenseurs », « si certains étaient cagoulés, je n’en sais rien. Des cagoulés, j’en ai vu de temps en temps, mais ils étaient dans le clan des occupants. Je suis assez fier de mes étudiants. Je les approuve totalement », a ainsi déclaré le doyen. Plusieurs jeunes ont été blessés et hospitalisés.

Une enquête missionnée par Frédérique Vidal

Les réactions ne se sont pas fait attendre. « Comment ces individus ont-ils pu pénétrer dans la faculté, menacer et commettre des actes violents sans que personne intervienne ? », a interrogé dans un communiqué Muriel Ressiguier, députée (La France insoumise) de l’Hérault. Le syndicat Solidaires étudiant·e·s a réclamé dans un communiqué que « des poursuites judiciaires soient prises », ainsi que le « renvoi » de Philippe Pétel.

Le président de l’université de Montpellier, Philippe Augé, a annoncé qu’il avait porté plainte contre X « afin que la lumière soit faite sur ces événements ». « Les vidéos de la scène sont surprenantes, concède le professeur de droit, je m’en remets à l’autorité judiciaire. » La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a, pour sa part, « condamné avec la plus grande fermeté ces actes de violence ». Elle rappelle que « l’université est et doit rester le lieu du dialogue et du débat » et indique avoir missionné sur place l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR), afin qu’elle débute une enquête.

Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 9,99 €/mois au lieu de 11,99 €.
S’abonner

La présidence de l’université de Montpellier a annoncé la fermeture de l’établissement jusqu’au lundi 26 mars. L’université Montpellier-III-Paul-Valéry (lettres et sciences humaines) avait, de son côté, suspendu les cours juqu’à la même date, en début de semaine, après le vote d’un blocage en AG d’étudiants.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.