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Le critique littéraire Jean-Pierre Richard est mort

Auteur d’études sur Mallarmé, Stendhal ou Bonnefoy, il avait élevé son travail critique à la hauteur d’un véritable genre littéraire. Il est mort le 15 mars, à l’âge de 96 ans.

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Publié le 17 mars 2019 à 16h22, modifié le 17 mars 2019 à 16h22

Temps de Lecture 4 min.

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Toute la bibliographie de Jean-Pierre Richard, mort le 15 mars, à Paris, à l’âge de 96 ans, le démontre magnifiquement : une œuvre critique peut devenir, à part entière, une œuvre littéraire d’envergure. Car pour lui, écrire, c’était d’abord savoir lire, entrer dans les raisons, les manières et la sensibilité d’un auteur, hors de toute idée d’appropriation. « L’être critique est pour moi un être de sympathie, “un être avec”, ce qui exclut (c’est aussi une faiblesse) toute activité de jugement et même d’évaluation… », déclarait-il dans un entretien accordé au Monde en octobre 2002.

Né à Marseille le 15 juillet 1922, Jean-Pierre Richard passe par l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm et obtient son agrégation de lettres en 1945. Il enseigne en France, mais aussi en Grande-Bretagne et en Espagne, où il occupe durant neuf ans la chaire de littérature à l’Institut français de Madrid. Puis il revient en France, à l’université de Vincennes d’abord, enfin à la Sorbonne. Il se disait « marginal, tenu pour un amateur » au sein de l’université. Cet amateurisme ne l’empêchera pas de tracer sa propre voie, avec cohérence. Il ne se contentera pas de respecter les canons de l’académisme mais s’ouvrira à des domaines contemporains souvent négligés par l’université.

Une filiation genevoise

Les débuts pourraient être dits classiques… En témoignent ses deux premiers ouvrages, en 1954 et 1955, au Seuil qui restera son premier et principal éditeur : Littérature et Sensation, à propos de Stendhal et de Gustave Flaubert ; puis Poésie et Profondeur, où sont analysés les grands poètes du XIXe siècle, de Gérard de Nerval et Charles Baudelaire à Arthur Rimbaud. En 1961, il soutient sa thèse sur Stéphane Mallarmé, qui se traduira par deux publications importantes : L’Univers imaginaire de Mallarmé et Pour un tombeau d’Anatole, édition d’un ensemble de pages posthumes du poète des Divagations sur la mort de son fils. Contre une vulgate répandue, Richard affirme que « Mallarmé pâtit de toute approche trop abstraite » et met en lumière chez lui « une intention charnelle d’intention et de moyen ». Jacques Derrida verra dans ce travail « une partie importante du discours de la méthode en critique littéraire ».

Mais cette « méthode » défendue par Jean-Pierre Richard n’a pas surgi de nulle part. La filiation dont il se voulait l’héritier, il l’établissait lui-même dans l’entretien déjà cité. Elle est à situer « du côté de Genève », avec ses grands aînés, Marcel Raymond, Jean Rousset, Albert Béguin ou son contemporain Jean Starobinski, mort le 4 mars. Il y a aussi Georges Poulet, le premier modèle, l’initiateur, Gaston Bachelard qui lui montra « dans la diversité des matières, et dans les mots qui la nommaient, la présence d’un sens toujours à découvrir », Maurice Merleau-Ponty qui l’initie à la phénoménologie et à l’étude des sensations. Enfin, il faut aussi citer le premier Roland Barthes, celui du Michelet (1954) ; il continuera à le lire cependant et y reviendra dans un court essai, Roland Barthes, dernier paysage (Verdier, 2006), qui vagabonde dans le « mémento d’images » de l’écrivain.

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