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Au Honduras, sur la route des migrants disparus

Le secrétariat des affaires étrangères du pays a recensé 440 disparitions entre 2011 et 2018. « Ils pourraient être plus de 8 000 », assure le journaliste et opposant Bartolo Fuentes.

Par  (El Progreso, Honduras, envoyée spéciale)

Publié le 02 février 2019 à 06h36, modifié le 04 février 2019 à 12h32

Temps de Lecture 4 min.

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A l’aéroport de San Pedro Sula (Honduras), le 23 janvier, l’attente de l’arrivée du corps d’une migrante hondurienne retrouvée morte aux Etats-Unis.

Musique et ballons jaunes donnent au hall de l’aéroport de San Pedro Sula un air de fête. Mercredi 23 janvier, une famille est venue accueillir en grande pompe un proche arrivé par le vol de la compagnie américaine United Airlines en provenance des Etats-Unis. Un peu en retrait, une autre famille attend, dans un silence pesant. Père, enfants, nièces, gendres regardent qui ses chaussures, qui le plafond. On parle à voix basse. Tout frêle dans sa chemise à carreaux et son pantalon trop large, Don Marcos Lara attend le retour de sa fille Ingrid, par le même vol de United Airlines. Mais elle, c’est dans un cercueil qu’elle lui revient.

Plusieurs membres du Comité des familles de migrants disparus d’El Progreso (Cofamipro) l’accompagnent. Cette association effectue depuis 1999 un intense travail d’aide psychosociale auprès de centaines de familles de cette ville située à 40 km au sud-est de San Pedro Sula. « Nous sommes sincères avec eux lorsqu’ils nous demandent de l’aide, explique Glenda Montoya, la coordinatrice. Nous leur rappelons que leur proche peut avoir disparu parce qu’il est en prison au Mexique ou aux Etats-Unis. Ou encore parce qu’il est mort. »

Un atelier psychosocial organisé par le Comité de familles de migrants disparus d’El Progreso (Cofamipro) dans les locaux de Radio Progreso, le 26 janvier, à El Progreso (Honduras).

Charniers

Comme des milliers de Honduriens avant elle, Ingrid a tenté d’émigrer aux Etats-Unis. Et a disparu sur la route migratoire, laissant sa famille sans nouvelles pendant cinq ans. Et puis, il y a un an, le pire est arrivé : on a retrouvé son corps dans un champ côté américain.

Comment est-elle morte ? Quand ? Pourquoi ? La seule réponse des autorités américaines a été le renvoi de ses restes, identifiés par l’équipe argentine d’anthropologie légiste (EAAF), une organisation qui analyse les corps retrouvés dans des charniers. Une convention a été signée en 2013 entre Cofamipro, l’EAAF et le Parquet général du Mexique dans le but de créer une banque de données génétiques des familles et comparer les ADN en cas de découverte d’un corps au Mexique ou aux Etats-Unis.

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A l’aéroport, la famille Lara reçoit finalement le cercueil en métal gris emballé dans un carton blanc à l’écart du joyeux brouhaha du hall des arrivées, dehors, sous un soleil de plomb. La scène est calme. Les Lara y ont été préparés pendant de longs mois par l’association, lors d’ateliers collectifs ou de visites à domicile des psychologues. Ça ne se passe pas toujours aussi sereinement.

L’arrivée du corps d'Ingrid Lara, 29 ans, à San Pedro Sula, Honduras, le 23 janvier. Ingrid, qui avait décidé d’immigrer aux Etats-Unis, avait disparu cinq ans plus tôt et a été retrouvé morte dans un champ côté américain.

« Recensement national »

Le secrétariat des affaires étrangères du Honduras recense 440 disparitions sur la route migratoire entre 2011 et 2018. Depuis 1999, Cofamipro en a enregistré 600 uniquement dans la région Nord-Ouest. « Il est urgent d’avoir un recensement national de disparus, qui pourraient être plus de 8 000 », assure de son côté le journaliste et opposant Bartolo Fuentes. Ce sont surtout les femmes, les mères, qui mènent la bataille. En 2018, l’une d’entre elles a retrouvé sa fille en vie après trente-huit ans sans nouvelles. Une bouffée d’espoir pour les autres.

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