L’agence immobilière va-t-elle être ubérisée ? Depuis deux ans, de nouvelles agences 100 % digitales infiltrent le marché. Proprioo, OprixFixe, Liberkeys… autant de start-up qui concurrencent les dinosaures de l’immobilier en faisant chuter le montant des honoraires de vente. Chez Proprioo, ils ne dépassent pas 1,99 % du prix de vente, quand Liberkeys fixe un plafond à 3 990 euros et OprixFixe à… 1 990 euros, quand les frais d’agences traditionnelles peuvent atteindre entre 3 % et 7 %, en fonction de la nature du bien vendu.
Tous les services d’une agence standard
Une économie due à l’organisation de travail de ces structures sans agences physiques qui recourent aux nouvelles technologies pour minimiser les interactions humaines. « Nous nous chargeons des photos à 360 degrés, d’appeler les acquéreurs, de les sélectionner. Nous nous occupons des visites et le vendeur n’a plus qu’à consulter, sur son espace personnel, le compte rendu de la visite rédigé par l’agent immobilier », indique Lorraine Billot, brand manager (promotion des produits) pour Proprioo.
Chez Liberkeys, on mise davantage sur l’intelligence artificielle : « L’agent a en poche un assistant personnel qui organise son emploi du temps et limite au maximum les tâches rébarbatives. Aujourd’hui, 80 % de son travail est automatisé grâce à la solution que nous proposons », assure Thomas Venturini, cofondateur de la start-up. Un outil « miracle » sur lequel la société reste cependant discrète.
Certaines de ces sociétés travaillent avec des vendeurs expérimentés, titulaires de la carte professionnelle, en CDI. D’autres, comme OprixFixe, ont recours en partie à des autoentrepreneurs. De plus, la jeune pousse laisse au propriétaire le soin d’organiser la visite de son bien : « Les agents “classiques” font tout pour éviter que le vendeur et l’acquéreur se rencontrent. Nous, ce n’est pas notre politique. Nous croyons que cette interaction est importante car qui est mieux placé que le vendeur pour présenter son bien », estime Franck Sanson, cofondateur de l’entreprise.
Les grands réseaux vigilants
Pour l’instant, les grands réseaux et syndicats immobiliers assurent en chœur que toute concurrence est saine pour le marché. Reste que, sur le terrain, les réactions sont tout autres. « Nous avons parfois vu des agents immobiliers faire un signe de croix et hurler “Vade rétro satanas” devant notre stand », constate M. Venturini. « C’est humain d’avoir une réaction de défiance à l’égard d’un nouvel acteur », tempère Christine Fumagalli, présidente du réseau d’agences immobilières Orpi. « L’arrivée de ces entreprises nous contraint à faire évoluer nos services. » Le réseau propose ainsi depuis peu aux vendeurs de tester l’attractivité de leur bien en le mettant en ligne comme s’il s’agissait d’une annonce classique sans pour autant valider l’opération.
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