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Peixoto de Azevedo, Mato Grosso, Brazil, 21 april 2019:
Raoni Metuktire in the village Metuktire. The report of Le Monde accompanied a trip of Raoni, starting from the urban center of the city of Peixoto de Azevedo to the Metuktire village on the banks of the Xingu River. The cacique is a Brazilian indigenous leader of the Kayapó ethnic group. He is known internationally for his struggle to preserve the Amazon and indigenous peoples.
Photo: Avener Prado
Avener Prado pour «Le Monde»

En Amazonie, le combat de Raoni, le dernier des Kayapo

Par  (Brasilia, envoyée spéciale), et  (Metuktire, Peixoto de Azevedo (Brésil), envoyé spécial)
Publié le 11 mai 2019 à 06h06, modifié le 12 mai 2019 à 15h03

Temps de Lecture 13 min.

Il expulse de ses poumons le reste de fumée qui s’y blottit avant de se lancer, d’un trait et pendant plus d’une heure, dans son histoire. A 87 ans, ou davantage, Raoni aime les contes. Surtout ceux qui évoquent les hommes et les femmes de son village kayapo, portant des masques et des parures au milieu de fêtes qui durent des semaines, parfois des mois.

Le chef Raoni s’endort dans sa maison de Peixoto de Azevedo, Mato Grosso (Brésil), le 20 avril.

Il parle, et sa voix semble le rugissement d’un jaguar. Ses chants volent comme des oiseaux. Par moments, on entend son rire de vieux sage. Raoni fait ensuite silence et regarde la route avec l’intensité de ceux qui ont appris à savourer chaque seconde de l’existence. « Non, je n’ai aucun regret, rien », glisse-t-il.

Sur le bac qui relie les deux rives léchées par les eaux sombres du rio Xingu, en plein cœur de ce Sud profond de l’Amazonie brésilienne, trois touristes se précipitent sur lui pour une séance de selfies. Lui s’en amuse. Il pose avec sa pipe calée entre le coin de sa lèvre et son célèbre plateau labial. Il est fier : « Vous savez qu’une partie des revenus du bateau permet d’acheter chaque mois de la nourriture pour le village ? » Il remonte dans la voiture. Et ponctue la conversation par : « Vous avez des sous ? »

Raoni, c’est un peu ça : un cacique connu de tous, un colosse au charme immédiat, mais à la parole directe et tranchante, tourné exclusivement vers la survie des siens, quoi qu’il en coûte. « L’argent est une malédiction », dit-il. Avant de s’empresser d’ajouter, comme pour mieux conjurer un piège devenu incontournable : « Mais une malédiction aujourd’hui indispensable pour maintenir la démarcation de nos terres, les protéger et aider nos peuples. »

Des touristes demandent à se prendre en photos avec le chef Kayapó en chemin vers le village de Metuktire.

Neuvième tournée en Europe

Le chef kayapo effectue sa neuvième tournée en Europe du 13 au 31 mai. Sa figure poignante avait déjà secoué la planète en 1989, lorsqu’il courut au côté de Sting les plateaux télé et les scènes de concert. Il a connu la surexposition médiatique. Le tourbillon d’une époque. Les centaines de milliers de dollars amassés pour la cause indigène, la démarcation des terres et la défense des cultures autochtones. Les bisbilles aussi et les tiraillements avec des proches. Et puis plus rien, ou presque.

Après l’« âge d’or » des années 1990, comme l’appellent les indigénistes, les dangers sont vite réapparus. Le président Luiz Inacio Lula da Silva a autorisé la construction du barrage controversé de Belo Monte sur le Xingu. D’autres ont suivi. Les routes aussi. Et l’extension irréfrénée des fronts agricoles. L’argent, lui, s’est glissé dans les villages, même les plus reculés, avec la Bolsa Familia, cette bourse versée aux familles les plus pauvres du pays. Un pécule modeste, mais qui a encore un peu plus modifié les équilibres déjà fragiles des communautés indigènes.

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