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Le choix historique du pouvoir algérien

Editorial. Si la contestation prend de l’ampleur contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, le pouvoir va être placé devant deux options historiques.

Publié le 25 février 2019 à 12h12, modifié le 25 février 2019 à 16h11 Temps de Lecture 2 min.

Manifestation contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle, à Alger, le 24 février 2019.

Editorial du « Monde ». Qui oserait se dire surpris ? L’Algérie se réveille. Les dizaines de milliers de manifestants descendus dans la rue depuis vendredi 22 février pour protester contre la candidature à un cinquième mandat d’un président malade et invisible expriment un sentiment qui relèverait du bon sens dans tout autre pays.

Mais l’Algérie, restée à l’écart des « printemps arabes », n’est pas un pays comme les autres et ce réveil n’en est que plus significatif. Les rues d’Alger n’avaient pas vu ce type de contestation depuis près de vingt ans. L’électorat était resté passif à l’annonce de la quatrième candidature d’Abdelaziz Bouteflika, en 2014, alors qu’il venait d’être frappé par l’AVC qui l’a depuis profondément handicapé mais qui, à l’époque, pouvait passer pour un accident sans conséquences durables.

Cette fois-ci, c’est la candidature de trop. L’incapacité de M. Bouteflika à exercer ses fonctions est devenue trop évidente : il ne s’est pas exprimé en public depuis sept ans et se fait représenter dans les rassemblements par un portrait de lui auquel tous les honneurs sont dus. Son refus, à 81 ans, d’organiser sa succession est incompréhensible pour une population dont 45 % a moins de 25 ans. L’opacité du fonctionnement du clan au pouvoir autour de lui occulte toute perspective de changement. La manière dont est organisé le processus électoral verrouille toute chance d’alternance.

Dans ces conditions, la rue apparaît comme un recours naturel. Il n’est pas sans risque : remarquablement tolérées vendredi, les manifestations ont été dispersées dimanche par les forces de l’ordre, qui ont procédé à des arrestations. La semaine qui s’ouvre s’annonce cruciale. Les étudiants entendent protester le 26 février, et de nouveaux appels à manifester ont été lancés pour le 1er mars, deux jours avant la date limite de dépôt des candidatures à l’élection présidentielle du 18 avril.

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Si des gestes de désobéissance comme ceux des journalistes de la radio publique, qui ont protesté contre l’interdiction de couvrir les manifestations, se multiplient et si la contestation prend de l’ampleur, le pouvoir va être placé devant un choix historique.

Frustration et colère

Il peut tenter d’écraser le mouvement et maintenir la candidature du président Bouteflika, comme si de rien n’était. La répression peut en effet venir à bout de cette protestation pour l’instant pacifique et ordonnée, dans un pays terriblement marqué par la sanglante guerre civile des années 1990 et dont la jeunesse est plus motivée par l’envie de quitter le pays que par celle de voter. Mais le silence forcé des Algériens ne serait alors que provisoire. La frustration et la colère accueilleraient inévitablement l’annonce de la victoire du président invisible, dont le cinquième mandat se présenterait sous de très mauvais auspices.

L’autre option possible est d’entendre le message des manifestants et de réagir avant qu’ils ne se radicalisent. Le régime algérien ne donne pour l’instant aucun signe d’ouverture, au contraire : le président Bouteflika a même adressé dimanche « un message fort de continuité », dans un texte lu par son ministre de l’intérieur à l’occasion de l’anniversaire de la centrale syndicale UGTA. Peut-être le clan au pouvoir n’a-t-il pas encore pris la mesure de la frustration des Algériens. La mise en œuvre de scénarios de transition pacifique s’impose pourtant de manière urgente. Il faut, enfin, penser l’après-Bouteflika.

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