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Crise au Cameroun anglophone : 180 000 déplacés depuis fin 2017, selon HRW

Depuis la déclaration symbolique d’indépendance des régions Sud-Ouest et Nord-Ouest, la situation ne cesse de s’aggraver, a dénoncé Human Rights Watch à l’ONU.

Par  (New York, Nations unies, correspondante)

Publié le 20 juillet 2018 à 10h16, modifié le 20 juillet 2018 à 10h17

Temps de Lecture 3 min.

Des soldats camerounais patrouillent dans les rues de Buéa, dans le Sud-Ouest, en avril 2018.

Il aura fallu trois semaines d’enquête sur le terrain pour aboutir à l’étude la plus complète à ce jour sur la crise au Cameroun anglophone. Sur 64 pages, l’organisation Human Rights Watch (HRW) documente les origines de cette crise et aboutit à la conclusion que le conflit s’est radicalisé faute de réponses politiques adaptées, et qu’il pourrait encore s’aggraver.

Les deux camps, le gouvernement et les séparatistes, se sont rendus coupables d’exactions et de violations graves des droits humains. Des abus qui pourraient néanmoins « être stoppés » selon l’organisation qui présentait son rapport, jeudi 19 juillet, au siège des Nations unies, à New York.

Répression brutale

La crise politique, née de la frustration et du ressentiment des populations anglophones vis-à-vis de Yaoundé accusé de délaisser ces régions au profit des zones francophones, majoritaires, s’est transformée, selon l’organisation, à une crise sécuritaire qui a conduit au déplacement de 180 000 personnes depuis décembre 2017.

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Les experts de HRW qui se sont rendus sur place en avril 2018 ont recueilli les témoignages de 80 personnes qui racontent la dégradation de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans une interview réalisée par l’organisation, le chercheur Jonathan Pedneault explique comment la répression par les forces de sécurité, dès novembre 2016, des enseignants et des avocats anglophones descendus dans la rue pour protester contre la francisation des systèmes éducatifs et judiciaires, a contribué à radicaliser les positions.

L’absence de réponse politique à des revendications sociales, la répression brutale des manifestations, une coupure d’Internet qui a fragilisé l’économie des deux régions de janvier à avril 2017 ont finalement poussé les plus radicaux à proclamer l’indépendance symbolique de l’« Ambazonie » le 1er octobre 2017 et à s’organiser en milices.

Désormais, les séparatistes anglophones extorquent, kidnappent, tuent, et parfois même décapitent des civils et des fonctionnaires de l’Etat. Ils s’en prennent également aux bâtiments publics et empêchent les enfants d’aller à l’école. Selon le gouvernement camerounais, au moins 80 militaires et policiers ont été tués depuis novembre 2017, près de 135 selon l’International Crisis Group (ICG).

Des cars incendiés à Buéa, dans le Sud-Ouest camerounais, après des affrontements le 10 juillet 2018.

En représailles, les forces de l’ordre tuent et torturent de présumés séparatistes en détention et font un usage disproportionné de la force en tirant à balles réelles pour disperser les manifestations hostiles à Yaoundé. Sans compter les centaines de maisons incendiées selon l’étude comparée de photos satellitaires. Le bilan de ces violences côté civil est impossible à établir.

Enquêtes en cours

« La situation des droits humains au Cameroun a atteint un niveau de crise et pourrait encore s’aggraver, a déclaré Mausi Segun, la directrice de la division Afrique de Human Rights Watch. La communauté internationale doit agir afin de garantir que les deux parties prennent des mesures concrètes pour protéger les civils et garantir la justice concernant les crimes commis à leur encontre. »

En réaction à ce rapport, Yaoundé a indiqué que des enquêtes étaient en cours et que 965 personnes avaient été arrêtées depuis le début de la crise en 2016. 114 détenus ont déjà fait l’objet d’un procès tandis que les charges ont été levées pour 103 cas. Mais plusieurs centaines de personnes sont toujours emprisonnées, pour certaines à l’isolement complet.

Alors que le Cameroun se prépare à une élection présidentielle, prévue le 7 octobre, et à laquelle l’actuel chef de l’Etat, Paul Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982 est candidat à un septième mandat, HRW veut mobiliser sur cette crise. L’ONG réclame que des observateurs indépendants et l’agence des Nations unies pour les droits de l’homme puissent se rendre dans ces régions pour mener leurs propres enquêtes. Elle voudrait aussi que l’ONU et l’Union africaine fassent pression sur le gouvernement et les séparatistes pour qu’une médiation par une tierce partie indépendante soit menée et mette un terme au cycle de violences.

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