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A Cuba, « plus personne ne croit au changement »

Alors que Raul Castro quitte la présidence, les Cubains sont résignés face à l’immobilisme politique.

Par Antonia Wild (La Havane, envoyée spéciale)

Publié le 19 avril 2018 à 10h38, modifié le 17 juillet 2018 à 16h11

Temps de Lecture 7 min.

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Un vélo-taxi dans les rues de La Havane, le 19 avril.

La fin de la famille Castro à la tête de l’Etat cubain ? Assis sur un banc, dans un jardin public de La Havane, Pedro (tous les prénoms ont été modifiés) secoue la tête d’un air fataliste : « Rien ne va changer, rien du tout. Vous allez voir. »

Ancien médecin à la retraite, Pedro ne fait pas partie des opposants. C’est un homme de 75 ans qui respecte encore l’image de « Fidel », père de la Révolution, mais constate aujourd’hui que « rien ne marche » dans son pays. Pour lui, comme pour la plupart de ses compatriotes, l’élection qui devait avoir lieu à l’Assemblée nationale cubaine, jeudi 19 avril, relève de la pure formalité.

Raul Castro, dernier représentant politique de la famille qui a exercé son emprise sur l’île depuis près de soixante ans, quittera la présidence tout en conservant la direction du Parti communiste. Miguel Diaz-Canel, candidat unique à cette succession, est devenu le premier président de l’ère post-Castro.

« Un cauchemar »

Vue de l’extérieur, la passation des pouvoirs est perçue comme la fin d’une dynastie, donc d’une histoire, qui a marqué le monde. Mais pour la majorité des Cubains, rien ne finit, donc rien ne commence. Peu importe le nom du dirigeant, c’est toujours le même système qui perdure. « En 2006, explique Pedro, Fidel a cédé la place à son frère Raul. On a pensé que la situation évoluerait, mais tout est resté figé. Puis Fidel est mort en 2016 et les choses n’ont toujours pas bougé. Depuis, plus personne ne croit au changement. »

Englués dans leurs problèmes quotidiens, les Cubains oscillent entre colère et résignation face à un immobilisme qui semble ne jamais devoir cesser.

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Avec des mots très simples, c’est ce qu’exprime Jonas, cantonnier d’une petite ville à 300 kilomètres au sud de La Havane. « Je suis né en 1980, je n’ai jamais connu d’autre politique que celle-là et je crois que je ne verrai rien de nouveau jusqu’à ma mort. » Il parle en regardant par-dessus son épaule, pour vérifier que personne ne l’observe. « Ici, on ne doit pas parler de ces choses-là », glisse-t-il.

Jonas travaille « pour l’Etat », comme la grande majorité des citoyens d’un pays où l’entreprise privée n’occupe que 24,3 % de la population active. A ce titre, il reçoit 250 pesos cubains par mois (environ 8 euros), soit l’équivalent de 10 CUC, la monnaie convertible, plus ou moins alignée sur le dollar.

Avec ça, dit-il, « je ne peux pas acheter de chaussures. Même la nourriture est trop chère ». Pour se maintenir à la surface, il « lutte », selon le terme en vigueur pour désigner toutes les formes de débrouillardise, légales ou pas. Il arpente la rue principale à la recherche de touristes à qui demander des vêtements, du dentifrice, du savon. Aux heures des repas, il rabat des passants vers un restaurant dont le patron lui donne 1 CUC quand les clients décident de rester.

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