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L’obésité, de plus en plus répandue dans les zones rurales

Une étude bouscule les idées reçues sur la répartition géographique de cette maladie chronique, et notamment sur le rôle de l’urbanisation dans l’épidémie d’obésité dans le monde.

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Publié le 08 mai 2019 à 19h00, modifié le 09 mai 2019 à 06h29

Temps de Lecture 3 min.

Une équipe de chercheurs a passé au crible les données de 112 millions d’individus dans 200 pays.

Aléas climatiques, maladies des cultures, grandes famines… Partout dans le monde, les zones rurales ont historiquement été associées à la sous-nutrition. Mais ces dernières décennies, une nouvelle forme de malnutrition touche les campagnes : l’obésité. Selon une étude parue dans Nature, mercredi 8 mai, la hausse mondiale de cette pathologie est majoritairement due à une hausse de son incidence… dans les zones rurales.

Une équipe de chercheurs, sous la direction du professeur Majid Ezzati, de l’université Imperial College London, a passé au crible les données de 112 millions d’individus dans 200 pays. Il en ressort que sur la période 1985-2017, l’indice de masse corporelle (IMC, qui permet de mesurer la corpulence d’un individu en rapportant son poids à sa taille) a augmenté en moyenne de 2 kg/m2 chez les femmes et de 2,2 kg/m2 chez les hommes, soit une hausse de 5 kg à 6 kg par individu en moyenne.

Plus de la moitié de cette hausse (55 %) est issue des populations rurales. Dans les pays à plus faibles revenus, c’est parfois plus de 80 % de la hausse de l’IMC qui provient des campagnes. Partout dans le monde, exception faite de l’Afrique subsaharienne, l’obésité y progresse aussi vite, voire plus vite, que dans les villes.

Cette étude vient bousculer les idées reçues sur la répartition géographique de cette maladie chronique. « Il est généralement admis que l’urbanisation est une des causes majeures de l’épidémie d’obésité dans le monde », observe le professeur Majid Ezzati, dont le travail a visé justement à nuancer ce constat, pour mieux orienter les efforts de traitement et de prévention. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’obésité a presque triplé dans le monde depuis 1975, touchant 650 millions d’adultes en 2016, tandis que 1,9 milliard étaient en surpoids.

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« Urbanisation de la vie rurale »

L’obésité est une maladie particulièrement symptomatique des inégalités sociales. Elle-même facteur de risque pour des pathologies cardio-vasculaires, des diabètes de type 2 ou des cancers, elle frappe essentiellement les populations les plus vulnérables, pour qui consommer une nourriture saine est coûteux.

Dans les villes, l’accès rapide à une nourriture prête à consommer, très transformée, et les modes de vie sédentaires sont connus comme ayant favorisé la prévalence de l’obésité. De leur côté, « les zones rurales ont été perçues comme un autre type de désert nutritif, où les habitants consomment principalement des produits de leur ferme et de leur jardin et ont moins accès à une nourriture ultra-transformée », écrivent les chercheurs dans Nature.

Mais de plus en plus, les modes de vie entre villes et campagnes tendent à converger. On assiste, expliquent les auteurs de l’étude, à une « urbanisation de la vie rurale », avec une agriculture de plus en plus mécanisée, des transports davantage motorisés, qui ont pu améliorer la santé des travailleurs ruraux, tout en réduisant leur dépense énergétique quotidienne. Et avec le développement des hypermarchés sur de nombreux territoires, l’accès à la nourriture industrielle s’est banalisé.

De nouveaux fossés se créent, avec des inégalités de revenus et de niveaux d’éducation plus importantes entre villes et campagnes, et dans ces dernières, un accès restreint à des infrastructures sportives et de loisirs favorisant la dépense physique.

Revoir les politiques anti-obésité

« Les débats de santé publique ont tendance à mettre l’accent sur les aspects négatifs à vivre dans des villes, mais nous voyons que les villes offrent plus d’opportunités pour une meilleure alimentation, plus d’exercice physique et une meilleure santé », note le professeur Ezzati.

Au vu de cette étude, les chercheurs expliquent qu’il faut revoir les politiques anti-obésité, souvent concentrées dans les villes, pour mieux prendre en charge tous les territoires.

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Concernant les pays plus pauvres, il faut veiller, écrivent les auteurs de l’article, à « ne pas remplacer un problème de sous-nutrition rurale par un désavantage plus général de malnutrition provoqué par une consommation excessive de mauvaises calories ». A mesure que des pays voient le pouvoir d’achat de leurs habitants augmenter, il faut s’assurer, précise Majid Ezzati, « que les populations rurales n’aient pas juste assez pour manger, mais puissent s’offrir une nourriture de bonne qualité ».

En France, où plusieurs études ont montré que le taux d’obésité est inversement proportionnel au niveau socio-économique, le gouvernement s’est récemment fixé pour objectif de réduire la prévalence de l’obésité de 15 % chez les adultes et de 20 % chez les enfants et adolescents d’ici à 2023.

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