Un gros chèque de départ pour Georges Plassat : réunis en assemblée générale, vendredi 15 juin, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), les actionnaires du groupe Carrefour ont approuvé la résolution accordant 13,17 millions d’euros à l’ancien PDG du groupe français de distribution, au titre de ses éléments de rémunération fixes, variables et exceptionnels attribués pour l’exercice 2017. Cette résolution a été adoptée par 68 % des actionnaires présents et représentés.
Dans ce cadre, les actionnaires ont accepté une convention qui accorde 3,98 millions d’euros d’indemnité pour respect d’une clause de non-concurrence de dix-huit mois à celui qui, à l’âge de 68 ans (il en a désormais 69), a fait valoir ses droits à la retraite. A ce titre, il touchera 517 810 euros de retraite supplémentaire par an.
Au cours de l’assemblée générale, les organisations syndicales ont toutes dénoncé ce « pactole » et cette « incohérence » alors que Carrefour, premier employeur privé de France, traverse une crise sans précédent. En 2017, le groupe aux 78,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires affiche des pertes nettes de 531 millions d’euros.
En janvier, Alexandre Bompard, successeur de Georges Plassat, a annoncé un vaste plan de réduction de coûts qui prévoit la suppression de 7 000 emplois dans le monde, dont 2 400 en France. Pour crédibiliser ce plan de départs volontaires à boucler d’ici à l’automne, cet ancien patron du groupe Fnac-Darty ne manque jamais l’occasion de pointer les erreurs du passé. Parmi elles, figurent le retard pris par Carrefour sur le marché du e-commerce et le rachat à prix fort du réseau de l’enseigne Dia en France, en 2014, trois ans après sa scission. Depuis, les élus du personnel du groupe sont vent debout.
Dévalorisation boursière
La CFDT avait notamment dépêché à Aubervilliers plus d’une centaine de ses élus, actionnaires salariés, pour bruyamment manifester son opposition aux plans de suppressions d’emplois, alerter les petits actionnaires de Carrefour sur la grande faiblesse du reclassement des quelque 2 100 salariés des 245 ex-magasins Dia appelés à fermer et dénoncer le « package de près de 13 millions d’euros » de son ancien PDG.
« Comment se fait-il que Georges Plassat soit récompensé au titre des résultats 2017 dont la nouvelle direction dit qu’ils sont mauvais et justifient la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi ? », s’agace aussi Philippe Allard, délégué syndical au sein du groupe Carrefour, élu de la CGT qui avait appelé à une manifestation aux abords du centre de séminaire d’Aubervilliers où, sous bonne escorte des CRS, se tenait l’assemblée générale.
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