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Aux sources de l’épouvante suscitée par l’écrivain H. P. Lovecraft

Cet auteur (1890-1937) est l’un des titans de la littérature fantastique américaine, créateurs d’univers horrifiques impressionnants. « Je suis Providence », biographie monumentale signée S. T. Joshi, révèle tout de ses obsessions fondatrices.

Par  (Collaborateur du « Monde des livres »)

Publié le 21 avril 2019 à 10h00, modifié le 22 avril 2019 à 08h32

Temps de Lecture 7 min.

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H. P. Lovecraft en compagnie de ses créations monstrueuses.

« Lovecraft. Je suis Providence » (I am Providence. The Life and Time of H. P. Lovecraft), de S. T. Joshi, traduit de l’anglais (Etats-Unis) sous la direction de Christophe Thill, ActuSF, 2 tomes, 1 260 p., 55 €.

Dans un apocryphe fameux, De la rigueur de la science (1935), Jorge Luis Borges imagine la carte d’un empire à ce point précise et fouillée qu’elle finit par recouvrir la superficie de l’empire. C’est semblable impression de rigueur géante et d’absolue duplication qui saisit, et pour ne plus le lâcher, le lecteur de Je suis Providence, biographie à l’échelle 1 de H. P. Lovecraft, second titan, entre Edgar Allan Poe et Stephen King, de la littérature fantastique américaine, par son meilleur spécialiste mondial, l’universitaire américain d’origine indienne S. T. Joshi. Deux tomes blancs et compacts, totalisant près de 1 300 pages, ­publiés par ActuSF, maison chambérienne vouée à l’imaginaire, et traduit par une cohorte de dix spécialistes madrés sous la supervision du lovecraftologue éminent Christophe Thill.

Un livre-monde qui ignore le hors-cadre et la donnée secondaire. Tout y figure, précisé et explicité, des quarante-six années de vie terrestre (1890-1937) d’Howard Philips Lovecraft, des étapes-clés de sa vision métaphysique au prix de ses costumes et au nombre de glaces – vingt-huit – ingérées lors d’un concours de dégustation entre amis le 25 juillet 1927. Un hallucinant souci d’exhaustivité et d’analyse qui plonge le lecteur, redisons-le, dans un état quasi hallucinatoire, ayant le sentiment véritable d’être invité pour un thé par ses tantes, d’aider Lovecraft à ranger sa bibliothèque, de parti­ciper aux multiples clubs littéraires dont il fut membre, de le filer dans les artères de Brooklyn ou de l’accompagner dans les allées ombreuses des cimetières oubliés de la Nouvelle-Angleterre.

RACINES

« Ma vie n’est pas au milieu des gens, mais des lieux – mes affections ne sont pas personnelles, mais topographiques », écrit Lovecraft dans une lettre de 1927, avant d’ajouter : « J’ai absolument besoin de la Nouvelle-Angleterre, sous une forme ou sous une autre. Providence est une partie de moi ; je suis Providence. » Tout est dit dans ces trois mots : Lovecraft ne se ­conçoit que viscéralement lié, identifié au décor, à la population et à la culture de ce berceau historique des Etats-Unis d’Amérique qu’est le petit Etat du Rhode Island, de sa capitale Providence d’où vient sa ­famille, où il naît, vit et meurt et dont il tentera, vainement, de s’extraire.

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