Pertes & Profits. Chacun ses clichés. Pour les Européens, l’Amérique éternelle sera toujours celle du Sud profond où de vieux fermiers fatigués en salopette de toile sirotent un bourbon et chiquent du tabac de Virginie sur le rocking-chair de leur véranda au soleil couchant. Un air de blues, une Harley-Davidson et un pick-up Ford au garage.
Cherchant le symbole facile, l’Union européenne a pointé du doigt le beurre de cacahuète, le bourbon, le tabac, les jeans et les « motos d’une cylindrée supérieure à 500 cm3 », dans sa liste des produits américains qui devraient être taxés à l’entrée du Vieux Continent. Une mesure de rétorsion aux taxes imposées par Washington sur l’acier et l’aluminium européens.
Toujours en quête d’un bouc émissaire
Pour Donald Trump et ses amis, toujours en quête d’un bouc émissaire facile à identifier, le symbole de l’Europe est une étoile. Celle qui orne depuis presque cent ans le capot des Mercedes. Le président des Etats-Unis n’en peut plus de voir ces grosses berlines et 4×4 allemands défiler sous ses fenêtres de la Ve Avenue, à New York.
Alors, en mars 2018, dans un hangar de Pittsburgh, devant un public acquis, il a prévenu que, si les Européens ne supprimaient pas leurs droits de douane, il allait, lui, taxer Mercedes-Benz et BMW. Normal, n’est-ce pas ? Devant ses électeurs, des « petits Blancs » victimes de la mondialisation, il respectait sa parole en frappant les deux bourreaux de l’Amérique : la Chine et l’Allemagne, coupables d’avoir désindustrialisé son pays.
A idées simples, mesures simples, des droits de douane sont immédiatement appliqués sur l’acier et l’aluminium et nombre de produits chinois, pour une valeur de 50 milliards de dollars, avec la possibilité de 200 milliards supplémentaires en cas de rétorsion, voire de 200 autres milliards, jusqu’à taxer la totalité des 500 milliards d’importations annuelles chinoises en Amérique. Le problème, c’est que, comme beaucoup d’idées simples, celle-ci est non seulement fausse mais nocive.
Une balle dans le pied
En croyant frapper Pékin et Stuttgart pour sauver l’industrie américaine, le locataire de la Maison Blanche touche surtout l’Alabama et la Caroline du Sud. C’est là que Daimler et BMW ont implanté leurs usines géantes de gros 4×4 dont ils vendent une bonne partie de la production aux Chinois. C’est uniquement grâce à ces deux usines géantes que la balance commerciale automobile américaine avec la Chine est positive de plus de 11 milliards de dollars par an.
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