EDF a entamé des négociations avec le gouvernement britannique pour construire deux nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR au Royaume-Uni, après ceux en construction à Hinkley Point. Le patron d’EDF outre-Manche, Simone Rossi, a rencontré à la mi-avril le ministre britannique de l’industrie, Greg Clark, ainsi que des responsables du Trésor britannique, ont affirmé plusieurs sources au Monde.
Le sujet : Sizewell. Sur ce terrain du Suffolk (est de l’Angleterre), où deux centrales nucléaires sont déjà en activité, EDF a toujours affiché ses ambitions de construire deux nouveaux réacteurs d’EPR. Mais le financement d’Hinkley Point a été si long et difficile qu’il est hors de question de reproduire le même schéma.
Un projet très critiqué
Les discussions se concentrent donc sur de possibles scénarios alternatifs. Est ainsi à l’étude la possibilité de faire partager le coût de la construction aux consommateurs britanniques, sur leur facture d’électricité. Il ne s’agirait pas nécessairement d’un paiement direct, mais plutôt d’une sorte de caution qui reste à définir. Pour l’heure, le ministère de l’industrie britannique se borne à rappeler que « de nouvelles centrales nucléaires ont un rôle important à jouer dans l’avenir de notre production d’électricité à faibles émissions de CO2 ».
Pour comprendre les discussions actuelles, il faut revenir sur Hinkley Point. Les deux EPR, dont la construction, dans l’ouest de l’Angleterre, a commencé fin 2016, doivent coûter 19,6 milliards de livres (22,2 milliards d’euros), et celle du premier doit démarrer en 2025. Ils sont critiqués de toutes parts. D’abord du côté d’EDF, qui en finance sur fonds propres les deux tiers (le chinois CGN apporte le reste) et voit le projet anglais plomber son bilan. Son directeur financier a démissionné pour s’y opposer en mars 2016.
Le gouvernement britannique, lui, ne met, certes, pas un centime dans la construction, mais il a signé un accord hors norme avec EDF, lui garantissant, pour l’électricité produite à Hinkley Point, pendant trente-cinq ans un prix de 92,50 livres (105 euros) le mégawattheure (MWh), soit plus du double du prix actuel du marché. Cela a suscité un tollé outre-Manche, d’autant que le coût des énergies renouvelables a, depuis, sensiblement diminué.
Réduire les coûts de 30 %
Pas question de recommencer les mêmes erreurs avec Sizewell. L’objectif est de réduire les coûts d’environ 30 %. De plus, EDF ne veut financer qu’une petite partie du projet et souhaite faire appel à des fonds de pension pour le reste.
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