« 74 milliards de dette… et avec le nucléaire, ce n’est pas fini ! » Sur le siège d’EDF, avenue de Wagram, à Paris, la gigantesque banderole de Greenpeace affiche la couleur : on y voir le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, faisant deux doigts d’honneur aux passants, sous la mention « Merci Jean-Bernard ». Cette action coup de poing de décembre 2016 marque une nouvelle étape dans l’argumentaire des opposants au nucléaire : il ne s’agit plus seulement de dénoncer les risques d’accident, mais aussi le risque financier qui pèserait sur EDF.
Les ONG ne sont plus seules sur ce terrain. En juin, celui qui était alors le ministre de tutelle d’EDF, Nicolas Hulot, a repris l’argument. « Une des raisons pour lesquelles EDF se retrouve en difficulté, c’est que notamment la filière nucléaire, pardon de le dire, nous amène dans une dérive. » Dans une allusion claire au coûteux chantier de Flamanville (Manche), il précise : « On voit bien qu’économiquement, il y a une espèce de règle d’or qui est en train de s’imposer dans cette filière, c’est qu’en réalité, on ne tient jamais nos promesses. » Le ministre reprend là une critique de plus en plus courante : non seulement le nucléaire est devenu trop coûteux, mais il serait en plus une erreur stratégique majeure pour EDF.
Un seul EPR raccordé au réseau dans le monde
Pourtant, le réacteur EPR est au cœur de la stratégie du groupe. Il est présenté comme la solution au problème du changement climatique et comme la promesse d’un leadership mondial dans une technologie à laquelle croit plus que jamais le premier opérateur nucléaire au monde, qui emploie plus de 150 000 personnes. L’EPR est-il en train de couler EDF ou est-il sa planche de salut ?
Pour l’instant, le chemin de croix continue. En juillet, le chantier de Flamanville a connu de nouvelles difficultés : après l’annonce de problèmes de soudures, la direction d’EDF a dû se résoudre à annoncer un énième retard du chantier. Débuté en 2007, il devait durer cinq ans et coûter 3,5 milliards d’euros. Au final, la centrale ne devrait être opérationnelle qu’à l’été 2020, soit huit ans plus tard que prévu, et aura coûté près de 11 milliards d’euros.
Dans le monde, un seul EPR a été raccordé au réseau, en Chine, à Taishan. En Finlande, le chantier d’Olkiluoto lancé par Areva ne devrait pas être achevé avant la mi-2019. En Grande-Bretagne, le chantier d’Hinkley Point a déjà plus d’un an de retard et suscite un scepticisme important.
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