C’est un amas marron de déchets en apparence inutilisables. Sous cette serre agricole montée à la hâte près du quai roulant d’arrivée du charbon de la centrale de Cordemais, en Loire-Atlantique, se cache peut-être l’espoir des salariés et des élus locaux.
Les syndicats et la direction de la centrale partagent le même souhait : parvenir à faire passer à l’étape suivante le prototype Ecocombust, qui permet de mélanger des déchets de bois au charbon pour produire de l’électricité. « L’idée est de remplacer partiellement, et peut-être un jour totalement, le charbon avec de la biomasse », explique Lionel Olivier, directeur des centrales d’EDF de Cordemais et du Havre.
Première étape : on récupère des résidus issus, par exemple, de la taille des jardins, mais aussi des déchets de bois issus du bâtiment. « Cela peut même être des meubles Ikea ! », sourit Isabelle Gigout, chef de projet Ecocombust à Cordemais. Puis on fait chauffer ces déchets de bois dans une sorte de Cocotte-Minute géante pour obtenir des granulés de bois, qui sont ensuite broyés, et mélangés avec le charbon pour la combustion. « On accélère le temps, en faisant du bois quelque chose qui se rapproche du charbon », explique Mme Gigout.
Depuis des mois, les opérateurs de la centrale cherchent toutes les options pour faire fonctionner ce combustible alternatif. « On avance, mais on n’est pas au bout du sujet », reconnaît M. Olivier.
Pas encore totalement au point
Les obstacles sont nombreux. D’abord, ce nouveau combustible n’est pas encore totalement au point. Ensuite, il faudra s’assurer de sa comptabilité avec les installations existantes de la centrale. Il faut dire que les centrales d’EDF ont été entièrement rénovées en 2016 pour plus de 350 millions d’euros… Enfin, il faut démontrer que ces ressources en bois peuvent être trouvées localement, « et sans perturber les filières existantes ou à venir », note M. Olivier.
Le prototype actuellement installé ressemble davantage à de l’artisanat qu’à un projet industriel à grande échelle. « C’est notre garage Microsoft à nous ! », s’amusent les salariés de la centrale. Mais les syndicats de l’entreprise, qui soutiennent le projet, ne cachent pas leur inquiétude et demandent aux pouvoirs publics « une perspective encourageante ».
A quel moment le site pourra-t-il se passer complètement du charbon ? L’échéance de 2022 semble peu réaliste. Mais les porteurs du projet espèrent que sa progression rapide saura convaincre le gouvernement de repousser l’échéance pour laisser sa chance à Ecocombust.
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