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Les Innus, enfin reconnus

Rencontre avec une nation amérindienne du Québec ignorée. C’est « Le Peuple rieur », hommage anthropologique de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque.

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Publié le 05 juillet 2018 à 07h45, modifié le 05 juillet 2018 à 09h01

Temps de Lecture 3 min.

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Le Peuple rieur. Hommage à mes amis innus, de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, Lux, « Mémoire des Amériques », 320 p., 18 €.

Jeunes Innus à l’école publique Kanatamat, à Schefferville, Québec, 1995.

Demain, ils seront toujours là. Cette phrase ne traduit pas un espoir, mais une réalité trop souvent occultée : la présence et la (re)construction continues des peuples premiers d’Amérique. Ils ne s’apprêtent pas à disparaître comme, par une forme de compassion dévoyée, le monde blanc aime parfois à le croire.

La nation innue, vivant au Québec et dans le Labrador voisin, compte aujourd’hui un peu plus de 20 000 personnes, un nombre faible, mais qui n’autorise pas à négliger leur existence. Le Canada commence timidement à intégrer ce peuple au sein de ses institutions. Le G7, qui, en juin, s’est réuni en sommet dans la ville de Charlevoix, se trouvait sur le territoire ancestral innu. Le gouvernement canadien avait pris soin d’indiquer qu’il considérait l’événement comme « une occasion unique de faire connaître » les Innus.

L’anthropologie arrachée à la condescendance

Grande figure de l’anthropologie québécoise, Serge Bouchard (né en 1947) va bien plus loin. Il rend un vibrant hommage à ce peuple qu’il étudie depuis les années 1970, nous conviant à explorer quarante ans de recherche, avec sa compagne et éditrice Marie-Christine Lévesque, dans Le Peuple rieur (ainsi que les ­Innus eux-mêmes se considèrent), qu’ils cosignent bien qu’ils écrivent à la première personne du singulier.

Serge Bouchard ne cache pas l’admiration, l’empathie que lui inspirent les Innus. Cette proximité l’a d’ailleurs aidé à renouveler l’anthropologie en l’arrachant au regard condescendant qu’elle a longtemps jeté sur les Amérindiens, rupture épistémologique qui s’est produite dans les années 1960-1970 et dont il a été l’un des pionniers au Canada. Il revient sur les amitiés qu’il a pu nouer, qui lui ont donné accès à des réalités que la recherche ne percevait pas jusque-là.

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Ainsi, c’est aiguillonné par Elisabeth Nolin (Nishapet Enim, en langue innue), une vieille dame dont il s’était fait le chauffeur, que l’anthropologue a pris conscience à la fois du peu de place que l’ethnographie accordait aux femmes et de leur importance dans la société innue. Lorsque les hommes rentraient bredouilles de la chasse au caribou, elles savaient tuer la perdrix ou le lièvre, lui a-t-elle un jour rétorqué, sur un ton narquois. La confiance qu’il a su inspirer à la vénérable Innue lui a permis d’entendre ses souvenirs de la vie d’avant, au temps du nomadisme, et de mieux comprendre les mœurs, « la petite histoire », d’un peuple méconnu.

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