Un donjon de béton clair se dresse au cœur du quartier de la Confluence, à Lyon. Cette tour de logements de seize étages, avec ses balcons ronds qui saillent aux quatre coins comme des échauguettes, domine un îlot compact de huit bâtiments à l’élégance austère, groupés autour de deux cours arborées. Inauguré le 18 mai par le président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld (La République en marche), ce bloc, baptisé Ynfluences Square par son promoteur Icade, marque un spectaculaire changement de style pour l’une des plus ambitieuses opérations d’urbanisme en France : l’aménagement de la Presqu’île de Lyon, entre Rhône et Saône, sur 150 hectares, pour doubler la superficie du centre-ville.
La première phase, commencée en 2003 côté Saône, s’achèvera à l’été, après un total de 400 000 m2 construits et 1,16 milliard d’euros d’investissements publics et privés – une exposition aux Archives municipales retrace ces quinze années qui ont remodelé le paysage lyonnais. L’inauguration d’Ynfluences Square concrétise le lancement de la seconde étape de l’opération, côté Rhône. « C’est un îlot démonstrateur, le mètre étalon de ce qui va se construire pendant dix ans sur le reste de la seconde phase », revendique Pierre Joutard, le directeur général de la société publique locale (SPL) Lyon Confluence, chargée de piloter cet aménagement. « Nous avons voulu une écriture plus sage, une architecture apaisée, un retour de l’îlot à la lyonnaise », résume Michel Le Faou, vice-président de la métropole, chargé de l’urbanisme.
Jacques Herzog et Pierre de Meuron, duo suisse d’architectes urbanistes à la réputation mondiale, ont dessiné le plan-masse et défini les règles du jeu de toute cette seconde phase. Ils sont aussi les architectes de la tour et les coordinateurs de l’îlot Ynfluences Square, où interviennent cinq architectes et un paysagiste. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la rigueur helvétique succède au feu d’artifice d’architectures bodybuildées et de généreux espaces publics, qui ont, jusqu’ici, fait la renommée de Lyon Confluence.
« L’attrait de la métropole renforcé »
Tout en porte-à-faux et en déboîtements, en blocs empilés et en doubles-peaux orange, vertes, bleues, argentées ou dorées, les bâtiments de la Confluence ont fait entrer avec fracas l’architecture contemporaine et internationale à Lyon – et attiré la lumière sur l’opération. Etendre le centre-ville sur cette friche industrielle cachée derrière la gare de Perrache, attirer investisseurs, commerces et habitants « derrière les voûtes », dans ce « no man’s land » synonyme de prison, de pollution et de prostitution, le pari n’était pas gagné d’avance. « Au départ, personne n’y croyait, ni le secteur privé ni la préfecture, raconte David Kimelfeld. Aujourd’hui, cette opération a renforcé l’attrait de la métropole, l’a hissée à un rang européen, aux côtés d’Hambourg ou de Barcelone. »
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