Tribune. Lundi 16 avril, à 8 heures, devait démarrer la première session d’examens de fin d’année à l’université Paris-Nanterre. Les étudiants venus passer leurs partiels n’ont pas pu entrer dans leurs bâtiments respectifs. Les portes étaient chaînées depuis 6 heures du matin et bloquées par des manifestants ayant choisi ce moyen pour s’opposer à la loi d’orientation et de réussite des étudiants (dite « loi Vidal »).
Cette action fait suite à l’adoption d’une troisième motion « à l’unanimité lors de l’assemblée générale des personnels du 12 avril concernant la grève et la tenue des examens » qui comprenait également le vote de la grève, « l’annulation des examens » et « la validation automatique avec la note politique de 20/20 ».
Une voix parmi tant d’autres
Nous sommes des enseignants-chercheurs à l’université Paris-Nanterre, d’horizons disciplinaires très variés. Nous sommes, derrière les signataires officiels de cette tribune, très nombreux à ne pas nous reconnaître dans cette « assemblée générale », dont nous ne nions aucunement le droit à exprimer toutes les opinions et revendications qu’elle juge légitimes, mais qui ne représente que l’une des voix, parmi tant d’autres, de notre communauté.
Notre « communauté universitaire » – et le terme nous paraît très juste en ce qui concerne Nanterre – est diverse, contrastée, complexe. Nous ne prétendons pas, contrairement à ces « personnels enseignant-es/chercheur-es et BIATSS [bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, de service et de santé] de l’université, réuni-es en AG le jeudi 12 avril », la représenter dans son ensemble. Ce serait faire injure à sa diversité, ses nuances et surtout son infinie richesse.
Nous avons chacune et chacun, y compris parmi les signataires de cette tribune, des appréciations contrastées et parfois radicalement opposées, de la loi Vidal, de son bien-fondé, de sa mise en œuvre, de la gestion par notre présidence des événements de ces derniers jours, et notamment de l’intervention policière ayant entraîné une fermeture de notre campus lundi 9 avril.
Au sein de nos différentes unités de formation et de recherche (UFR), nous débattons depuis des mois du processus de réforme en cours, nous exprimons nos désaccords, nos contraintes, nos réticences, nos colères et nos espoirs. C’est là notre force. C’est ce qui fonde la raison d’être de notre métier d’enseignant-chercheur : la liberté de débattre, et la certitude que ce débat puisse être pluriel, sans qu’une voix prétende s’imposer sans légitimité aucune en notre sein et, sans doute de manière encore plus préoccupante, à l’extérieur de nos murs.
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