La Saoudienne de 18 ans qui a fui sa famille et demandé l’asile à son arrivée à Bangkok, a quitté, vendredi 11 janvier, la Thaïlande pour le Canada, a annoncé un responsable thaïlandais des services d’immigration. « Nous sommes ravis » de lui avoir accordé l’asile, a déclaré le premier ministre canadien, Justin Trudeau, affirmant avoir répondu à une demande de l’ONU.
Rahaf Mohammed Al-Qunun avait été arrêtée à son arrivée le week-end dernier à Bangkok, depuis le Koweït, et les autorités thaïlandaises entendaient la renvoyer chez elle. Munie d’un téléphone portable et d’un compte Twitter ouvert à la hâte, lui permettant d’alerter l’opinion, la jeune femme s’était barricadée dans une chambre d’hôtel de l’aéroport, forçant les autorités thaïlandaises à revenir sur leur décision. La police de l’immigration thaïlandaise l’a remise sous la protection de représentants du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
« Sérieusement en danger »
La décision du Canada risque d’attiser les tensions entre Riyad et Ottawa. L’Arabie saoudite avait annoncé en août l’expulsion de l’ambassadeur du Canada, rappelé le sien et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec le Canada, après la dénonciation par Ottawa de l’arrestation de militants saoudiens des droits humains.
Rahaf Mohammed Al-Qunun avait déclaré vouloir demander l’asile en Australie, assurant fuir des violences psychologiques et physiques de sa famille, qui a démenti ces allégations. Elle a aussi affirmé à Human Rights Watch (HRW) qu’elle souhaitait renoncer à l’islam, ce qui la met « sérieusement en danger », souligne cette ONG.
La fuite de la jeune femme, loin du royaume ultra-conservateur, a mobilisé les organisations de défense des droits de l’homme. Rahaf Mohammed Al-Qunun avait fait savoir un peu plus tôt dans la journée de vendredi avoir « quelques bonnes nouvelles et d’autres mauvaises », sans en dire plus.
La police thaïlandaise a précisé que le père et un frère de la jeune femme s’étaient rendus à Bangkok, mais qu’elle avait « refusé de les voir ». L’Arabie saoudite est l’un des pays du monde les plus restrictifs pour les droits des femmes. Elles sont notamment soumises à la tutelle d’un homme (père, mari ou autre), qui exerce sur elle une autorité arbitraire et prend à leur place les décisions importantes.
La Thaïlande n’est pas signataire d’une convention des Nations unies sur les réfugiés. Les demandeurs d’asile sont généralement expulsés ou attendent des années avant d’être éventuellement envoyés dans des pays tiers.
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