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En Tunisie, un algorithme met de l’huile dans les systèmes d’irrigation

La créativité africaine dopée par l’intelligence artificielle (6/7). Grâce à des capteurs au sol, dans l’air et dans les arbres, Slim Fendri optimise l’arrosage de son oliveraie.

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Publié le 22 juin 2018 à 11h33, modifié le 22 juin 2018 à 11h33

Temps de Lecture 2 min.

Humidité du sol, température de l’air, vitesse du vent, tension de la sève dans les feuilles... Le programme Phyt’eau mesure en continu une multitude de données.

Des oliviers à perte de vue et, au beau milieu des arbres, une station de mesure connectée à une multitude de capteurs placés au sol, dans l’air et sur les feuilles. Depuis mai, le domaine Fendri, dans la vallée de Meknassy, en Tunisie, est un site pilote : des dizaines d’oliviers octogénaires sont reliés à un programme d’intelligence artificielle. Humidité du sol, température de l’air, vitesse du vent, tension de la sève dans les feuilles… Les données mesurées en continu sont analysées par un algorithme qui établit quand et dans quelle quantité il est préférable d’arroser les arbres. Une approche inédite en Afrique.

Cette propriété agricole dont l’huile d’olive est vendue dans des épiceries de luxe telle Harrods, à Londres, n’en est pas à sa première expérimentation. Son propriétaire, Slim Fendri, fut en 1995 le pionnier de l’huile d’olive bio en Tunisie, puis le premier à tester une irrigation goutte à goutte sous terre, installation qui a permis de diviser par six la consommation d’eau.

« La promesse de l’intelligence artificielle est de s’adapter continuellement aux conditions climatiques et à l’état de la plante, qu’elle soit en fleur ou en fruit, explique l’oléiculteur. Comme pour la vigne, il faut créer un certain stress hydrique sur les oliviers, ne pas trop arroser pour donner une huile riche en polyphénol et donc en saveur. Jusqu’à présent, nous avions une approche assez empirique. Nous allons tenter, avec ce système, d’avoir plus de contrôle. » Le programme utilisé, appelé Phyt’eau, peut être géré par Slim Fendri via un simple smartphone.

Eviter des « guerres de l’eau »

Cette expérimentation est le premier test grandeur nature pour iFarming, une start-up imaginée au Centre de biotechnologie de Borj Cédria. Les deux cofondateurs, le chercheur Samir Chebil et son ancienne étudiante Rabeb Fersi, estiment que leur algorithme pourrait faire économiser jusqu’à 40 % d’eau à un agriculteur, pour une production accrue d’au moins 20 %.

« Ces calculs sont le résultat de vingt ans de travaux universitaires en bioclimatologie, en physiologie végétale, en agronomie, etc., argumente Rabeb Fersi. L’agriculture utilise 70 % de l’eau douce sur la planète, mais 60 % de cette eau est perdue par une irrigation inefficace. La raréfaction de cette ressource est un fléau mondial. Nous voulons innover pour que les prochaines guerres ne soient pas des guerres de l’eau. »

Le projet tunisien a connu ces derniers mois une nouvelle dynamique. Repérés par IBM car « nous étions les seuls start-upeurs du pays à utiliser leur service de cloud Bluemix », explique Rabeb Fersi, les deux entrepreneurs ont été invités dans l’accélérateur parisien du groupe afin de muscler leur projet. Bénéfice collatéral, ils ont désormais la possibilité de travailler avec Watson, la plateforme d’intelligence artificielle du groupe américain. « Nous allons pouvoir faire des recoupements avec plus de données et affiner nos algorithmes. »

Dopée par ce changement d’échelle, la start-up ambitionne de proposer « un outil global d’aide à la décision » pour les agriculteurs, afin de gérer non seulement leurs ressources en eau, mais aussi en nutriments ou fertilisants. « A terme, l’algorithme pourrait permettre de prédire certaines maladies ou l’arrivée de ravageurs », estime Rabeb Fersi. Les entrepreneurs, qui réalisent actuellement leur troisième levée de fonds, acceptent de perdre la majorité du capital de l’entreprise (ils n’en détiendront plus que 40 %) pour en accélérer la croissance.

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