C’est l’affaire qui secoue le monde des médias français. Près d’un an et demi après le déclenchement de l’affaire Weinstein aux Etats-Unis, une partie des membres d’un groupe privé Facebook baptisé « Ligue du LOL », composé d’une trentaine de journalistes, communicants ou développeurs, tous familiers des nouvelles technologies, sont accusés d’avoir participé à des dizaines de campagnes de harcèlement, souvent à caractère sexiste, notamment sur les réseaux sociaux, organisées au début des années 2010.
Depuis la révélation, le 8 février, par Libération de l’existence de ce groupe, des dizaines de témoignages ont été publiés sur les réseaux sociaux par des femmes, principalement, mais également des hommes, se disant victimes de leurs agissements.
Lundi 11 février, Vincent Glad, pigiste pour Libération, et Alexandre Hervaud, chef du service Web du même journal, ont été mis à pied « à titre conservatoire », dans l’attente des résultats d’une enquête interne. Les deux hommes, âgés de 33 et 34 ans, apparaissent au premier rang de la trentaine de membres de ce groupe créé en 2009 par Vincent Glad.
David Doucet et François-Luc Doyez, à la rédaction en chef des Inrockuptibles, ont, depuis, été mis à pied. Leur confrère Guillaume L., journaliste à Usbek & Rica, également. Une mesure semblable a été prise par Publicis Consultants à l’égard du communicant Renaud L.. Le site de podcasts Nouvelles Ecoutes a mis fin à sa collaboration avec Guilhem Malissen et annoncé suspendre l’émission qu’il animait. Rédacteur en chef du Tag parfait, une revue en ligne traitant de la culture pornographique, Stephen des Aulnois a, pour sa part, annoncé qu’il se retirait de son poste. Après avoir été entendus par leur hiérarchie, Olivier Tesquet et Christophe Carron, respectivement journaliste à Télérama et rédacteur en chef de Slate.fr, n’ont pas fait l’objet de sanctions. A des degrés divers, il leur est reproché à tous d’avoir participé à la Ligue du LOL.
Attaques « en meute »
Sur Twitter, les récits des méfaits de certains des membres de cette Ligue du LOL se multiplient ces derniers jours. Des « stars » auxquelles il était impensable de s’opposer, sous peine d’excommunication. Ils se veulent décalés et assument être des « trolls » – à l’époque, en 2010, quatre ans après la création de Twitter, on ne parle pas encore de « harceleurs ».
Leurs victimes les décrivent comme arrogants, blessants et attaquant « en meute ». Celles et ceux qui ne leur plaisent pas subissent une vindicte numérique, des « raids » hostiles. Une ancienne blogueuse, Capucine Piot, raconte par le menu un « travail de démolition quotidien ». Des piques sur son physique, sur le moindre de ses Tweet.
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