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Le retrait américain de Syrie inquiète Paris, Londres et Berlin

L’annonce de Donald Trump du retrait des troupes américaines de Syrie, mercredi, a surpris ses alliés de la coalition internationale luttant contre l’Etat islamique.

Le Monde avec AFP

Publié le 20 décembre 2018 à 16h43, modifié le 20 décembre 2018 à 16h43

Temps de Lecture 4 min.

Donald Trump a pris de court nombre de ses alliés, mercredi 19 décembre, en annonçant le retrait des 2 000 soldats américains encore présents dans le nord-est de la Syrie. « Nous avons vaincu l’Etat islamique en Syrie, ma seule raison d’y être », a justifié dans un Tweet le président américain. Une décision regrettée par ses alliés britannique, français et allemand, toujours impliqués dans la lutte contre les djihadistes au sein de la coalition internationale. Mais également par les forces kurdes sur place, inquiètes des offensives iraniennes, turques ou venant de Damas en l’absence du paravent américain. Seul Moscou a salué la décision de « Donald ».

  • Une décision « juste » pour Vladimir Poutine

Sans surprise, Vladimir Poutine, dont le pays est à la manœuvre en Syrie aux côtés du régime de Damas, a estimé que « le fait que les Etats-Unis ont décidé de retirer leurs troupes est juste », lors de sa conférence de presse annuelle, jeudi, en ajoutant cependant que Moscou ne voyait pas encore sur le terrain les « signes » de ce retrait annoncé mercredi par Washington.

M. Poutine a également réagi à l’annonce mercredi du président américain d’une « victoire » contre le groupe Etat islamique (EI). « Donald a raison. Je suis d’accord avec lui », a déclaré M. Poutine, adoptant une posture opposée à celle de nombreux chefs d’Etat et observateurs internationaux. « Nous avons porté des coups sérieux à l’EI en Syrie », a-t-il poursuivi. Selon M. Poutine, le risque persiste toutefois d’un « débordement » des forces de l’EI dans « d’autres pays ».

  • Pour Paris, « Daech n’est pas rayé de la carte »

L’organisation Etat islamique « conserve des positions territoriales dans l’est [de la Syrie]. Leur reprise par les Forces démocratiques syriennes [FDS] avec le soutien de la coalition est l’absolue priorité », a déclaré dans la soirée de mercredi le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). En écho, la ministre des armées, Florence Parly, a affirmé jeudi matin sur Twitter que « Daech n’est pas rayé de la carte, ni ses racines d’ailleurs », et a déploré le départ des Américains tout en reconnaissant les défaites subies par le groupe djihadiste ces derniers mois.

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  • « Une menace encore bien vivante », pour Londres et Berlin

« La coalition internationale contre Daech a fait d’énormes progrès », a reconnu un porte-parole de la diplomatie britannique dans un communiqué, jeudi. « Mais il reste beaucoup à faire et nous ne devons pas perdre de vue la menace [que pose cette organisation]. Même sans territoire, Daech demeure une menace », a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni, qui participe aux frappes aériennes menées par la coalition, s’est dit continuellement « engagé dans la coalition internationale et sa campagne pour priver Daech de territoire et assurer sa défaite durable » malgré l’annonce du retrait américain. Le ministère de la défense, Tobias Ellwood, a contesté dans un Tweet l’observation de Donald Trump selon laquelle l’EI aurait été battu en Syrie : « Je ne suis pas du tout d’accord. L’EI a adopté d’autres formes d’extrémisme et la menace est encore bien vivante. »

« Nous ne sommes pas seuls à trouver surprenant le changement abrupt de politique de la partie américaine. L’EI a reculé mais la menace n’est pas terminée », s’est aligné dans un court communiqué le ministre des affaires étrangères allemand, Heiko Maas, dont le pays participe aux efforts de la coalition internationale engagée contre les djihadistes en Syrie. « Le risque existe que les conséquences de cette décision nuisent au combat contre l’EI », a-t-il ajouté sur l’annonce du retrait, soulignant que le groupe islamiste est « toujours actif dans l’est de la Syrie ».

  • Les Kurdes ont « tous les droits d’avoir peur »

De Syrie, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, ont estimé dans un communiqué que le retrait des troupes américaines de Syrie donnerait la chance à l’EI de se reconstruire.

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« Cela aura un impact négatif sur la campagne antiterroriste » menée contre l’EI, a continué le groupe, qui combat l’organisation djihadiste sur le terrain. La milice kurde YPG (Unités de protection du peuple), épine dorsale des FDS mais ennemie jurée d’Ankara, est sous la menace d’une nouvelle offensive turque qui la détournerait de la lutte anti-EI, a fortiori si les soldats américains ne sont plus là pour faire tampon. Le journaliste kurde Arin Sheikmos a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) jeudi matin : « Nous avons tous les droits d’avoir peur. »

  • Israël va « intensifier » ses frappes contre l’Iran en Syrie

Le ministre de l’éducation israélien, Naftali Bennett, a estimé comme Donald Trump, jeudi, que l’EI avait bien été vaincu en Syrie, « grâce surtout à l’Amérique ». « Mais l’Iran y poursuit ses manœuvres et c’est une menace pour le monde libre », a-t-il toutefois ajouté.

« Nous continuerons à agir très vigoureusement contre les tentatives de l’Iran de s’installer en Syrie », a confirmé Benyamin Nétanyahou à la télévision, faisant référence aux frappes aériennes menées par Israël contre les forces iraniennes et contre le Hezbollah libanais en Syrie. « Nous n’avons pas l’intention de réduire nos efforts. Nous allons les intensifier et je sais que ce sera avec le total soutien des Etats-Unis. » Le ministre des finances, Moshe Kahlon, a concédé que la décision de Donald Trump « n’[était] pas bonne » pour les Israéliens, tout en se montrant confiant sur le fait que « la sécurité d’Israël est dans l’intérêt des Etats-Unis ».

Le Monde avec AFP

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