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La « rivière oubliée » de Washington

Les guerres de l’eau aux Etats-Unis (4/6). L’Anacostia, qui sépare quartiers cossus et défavorisés, était devenue un vaste dépotoir. Un chantier titanesque est en cours pour la dépolluer.

Par  (Bladenburg, Maryland, envoyée spéciale)

Publié le 03 août 2018 à 10h52, modifié le 03 août 2018 à 12h08

Temps de Lecture 6 min.

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  • Autrefois voie maritime fréquentée, la rivière Anacostia qui traverse Washington est devenue « la rivière oubliée », déversoir des eaux usées de la ville, et dépotoir.

    Autrefois voie maritime fréquentée, la rivière Anacostia qui traverse Washington est devenue « la rivière oubliée », déversoir des eaux usées de la ville, et dépotoir. lee Hoagland pour Le Monde

  • Sur le chantier de DC Water, l’organisme de gestion de l’eau de la région de Washington. Il fait partie d’un projet titanesque pour venir a bout de la pollution chronique de cette courte rivière de 13,5 km.

    Sur le chantier de DC Water, l’organisme de gestion de l’eau de la région de Washington. Il fait partie d’un projet titanesque pour venir a bout de la pollution chronique de cette courte rivière de 13,5 km. lee Hoagland pour Le Monde

  • La mise en oeuvre du projet « Clean Rivers » a été lancé en 2005 par l’organisme public de gestion de l’eau. Les effets commencent tout juste à se faire sentir.

    La mise en oeuvre du projet « Clean Rivers » a été lancé en 2005 par l’organisme public de gestion de l’eau. Les effets commencent tout juste à se faire sentir. lee Hoagland pour Le Monde

  • Les ouvriers travaillent dans la fosse pour l’installation du tunnelier qui doit permettre la construction d’ouvrages capables d’absorber les débordements des égouts, et les diriger vers l’usine de traitement.

    Les ouvriers travaillent dans la fosse pour l’installation du tunnelier qui doit permettre la construction d’ouvrages capables d’absorber les débordements des égouts, et les diriger vers l’usine de traitement. lee Hoagland pour Le Monde

  • L’Anacostia était devenue une des rivières les plus sales du pays, remplie notamment de milliers de pneus usagés.

    L’Anacostia était devenue une des rivières les plus sales du pays, remplie notamment de milliers de pneus usagés. lee Hoagland pour Le Monde

  • Le cours d’eau est une frontière implicite entre les voies rapides menant au centre-ville cossu de la capitale et ses quartiers plus défavorisés, majoritairement noirs.

    Le cours d’eau est une frontière implicite entre les voies rapides menant au centre-ville cossu de la capitale et ses quartiers plus défavorisés, majoritairement noirs. lee Hoagland pour Le Monde

  • A Washington, les citoyens aisés se sont installés au nord, les moins favorisés au sud.

    A Washington, les citoyens aisés se sont installés au nord, les moins favorisés au sud. lee Hoagland pour Le Monde

  • Dante Brown est chargé d’entretenir les rues avoisinant la rivière. Il travaille pour une organisation à but non lucratif.

    Dante Brown est chargé d’entretenir les rues avoisinant la rivière. Il travaille pour une organisation à but non lucratif. lee Hoagland pour Le Monde

  • Dans un parking de la ville.

    Dans un parking de la ville. Lee Hoagland pour Le Monde

  • Une bouche d’incendie détériorée déverse de l’eau dans la rue .

    Une bouche d’incendie détériorée déverse de l’eau dans la rue . lee Hoagland pour Le Monde

  • Le quartier de « Navy Yards », sur l’autre rive de l’Anacostia, est l’un des derniers à s’embourgeoiser.

    Le quartier de « Navy Yards », sur l’autre rive de l’Anacostia, est l’un des derniers à s’embourgeoiser. lee Hoagland pour Le Monde

  • Dans « Navy Yards ».

    Dans « Navy Yards ». lee Hoagland pour Le Monde

  • Masaya Maeda, un scientifique de l’association Anacostia Watershed Society, qui travaille depuis 1989 à la dépollution de la rivière : « Les populations qui vivent le long de la rivière ne connaisaient pas les bonnes personnes et n’avaient pas les moyens de faire pression pour exiger son nettoyage. »

    Masaya Maeda, un scientifique de l’association Anacostia Watershed Society, qui travaille depuis 1989 à la dépollution de la rivière : « Les populations qui vivent le long de la rivière ne connaisaient pas les bonnes personnes et n’avaient pas les moyens de faire pression pour exiger son nettoyage. » lee Hoagland pour Le Monde

  • Chaque semaine, de mai à octobre, M. Maeda recueille des échantillons pour mesurer la qualité de l’eau.

    Chaque semaine, de mai à octobre, M. Maeda recueille des échantillons pour mesurer la qualité de l’eau. lee Hoagland pour Le Monde

  • Les rives sont devenues plus attrayantes par l’aménagement d’une marina qui accueille à nouveau kayaks et barques...

    Les rives sont devenues plus attrayantes par l’aménagement d’une marina qui accueille à nouveau kayaks et barques... lee Hoagland pour Le Monde

  • ... et même les animaux sauvages ont réinvesti la partie supérieure de la rivière, comme le grand héron.

    ... et même les animaux sauvages ont réinvesti la partie supérieure de la rivière, comme le grand héron. lee Hoagland pour Le Monde

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Sur un ancien no man’s land, à l’ombre du vieux stade désaffecté de la capitale américaine, un immense tunnelier fait la fierté de DC Water, l’organisme de gestion de l’eau de la région de Washington. Des grues géantes s’apprêtent à installer l’imposante machine cylindrique sur sa rampe de lancement. Les ouvriers mettent la dernière main à la fosse qui permettra de glisser l’engin de 7 mètres de diamètre à 100 mètres de profondeur.

A quelques dizaines de mètres du bruit et de la poussière de ce chantier débuté il y a cinq ans, les eaux calmes de la rivière Anacostia s’écoulent entre verdure et ouvrages urbains. A cette distance, rien n’indique l’urgence et la nécessité de mettre rapidement en action le tunnelier. Ce chantier est pourtant la partie la plus spectaculaire d’un projet titanesque enclenché par les autorités de la ville en 2005 pour venir à bout de la pollution chronique de cette courte rivière qui serpente sur 13,5 kilomètres, frontière implicite entre les voies rapides menant au centre-ville cossu de la capitale et ses quartiers plus pauvres, majoritairement noirs.

Autrefois voie maritime fréquentée, jalonnée de petites villes portuaires, l’Anacostia est devenue au fil des décennies « la rivière oubliée », déversoir des eaux usées de la ville, dépotoir des industries alentour et des habitants indélicats. Son nom actuel dérivé d’anaquash – « commerce au cœur d’un village » –, ainsi que l’appelaient les Amérindiens qui vivaient sur ses rives depuis plusieurs milliers d’années, rappelle pourtant qu’elle fut une artère vitale pour l’économie locale. Les premiers colons plantèrent du tabac et utilisèrent la rivière comme moyen de transport mais, dès le XIXe siècle, un limon toxique l’envahit et les marchands s’en détournèrent, abandonnant ses eaux aux dégâts de l’urbanisation galopante de cette région devenue capitale.

Forêt de bambous

Car la rivière a beau avoisiner l’une des villes les plus riches des Etats-Unis, elle sillonne surtout ses parties les plus défavorisées. Cette donnée sociologique n’est pas étrangère à son extrême pollution, par ailleurs commune à beaucoup de cours d’eau à travers le pays. « Les populations qui vivent le long de la rivière ne connaissaient pas les bonnes personnes et n’avaient pas les moyens de faire pression pour exiger son nettoyage », explique Masaya Maeda, un scientifique de l’association Anacostia Watershed Society (AWS), qui œuvre depuis 1989 à la dépollution du cours d’eau.

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