« La pollution de l’air a un impact dévastateur sur la santé des enfants. » L’alerte émane de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport inédit publié lundi 29 octobre, à la veille de l’ouverture de la première conférence mondiale sur la pollution de l’air organisée à Genève sous l’égide de l’institution onusienne. « L’air pollué est en train d’empoisonner des millions d’enfants et de ruiner leurs vies », tonne le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Dans un document de près de 180 pages, l’organisation rassemble pour la première fois l’ensemble des connaissances scientifiques autour d’un « risque majeur » mais « souvent négligé » : « la particulière vulnérabilité des enfants aux effets délétères de la pollution de l’air. »
Un chiffre donne la mesure du péril. Environ 600 000 enfants âgés de moins de 15 ans – dont 543 000 de moins de 5 ans – meurent chaque année dans le monde d’une infection respiratoire parce qu’ils vivent dans un environnement saturé en particules fines, révèle le rapport. A cause d’un air extérieur contaminé par les gaz toxiques rejetés par le trafic automobile, l’activité industrielle, les pratiques agricoles, l’incinération des déchets (en Inde, notamment) ou encore les poussières issues des tempêtes de sable (Moyen-Orient). A cause, aussi, d’un air « terriblement pollué » à l’intérieur des logements, particulièrement en Afrique. Environ trois millions de personnes à travers le monde utilisent toujours des combustibles comme le charbon ou le kérosène pour cuisiner, se chauffer ou s’éclairer. Les femmes et les enfants sont les premiers exposés à ces fumées toxiques.
La quasi-totalité de ces morts sont constatées dans les pays les moins développés. « La pauvreté est clairement liée à une exposition accrue aux risques environnementaux et sanitaires », souligne l’OMS, y compris dans les pays industrialisés.
Plus proches du sol
Au-delà du lourd bilan morbide, de manière plus globale, « chaque jour, environ 93 % des enfants respirent un air si pollué qu’il fait courir un risque aigu pour leur santé et leur développement », insiste l’institution onusienne. Ces enfants, parmi lesquels 650 millions ont moins de 5 ans, sont soumis à des niveaux de polluants qui dépassent les limites protectrices fixées par l’OMS. Pour les particules fines PM2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 µm), les plus dangereuses car elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires, l’Organisation mondiale de la santé recommande un seuil de 10 µg/m3 par an. Face à ce risque, là aussi, tous les enfants ne sont pas égaux. Ce taux monte à 100 % des enfants de moins de 5 ans dans les régions les plus pauvres (Afrique, Moyen-Orient et Asie du Sud-Est) quand il est limité à 52 % dans les pays à plus hauts revenus.
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