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Aux Pays-Bas, l’émergence inattendue d’un nouveau parti europhobe et anti-immigration

Le Forum pour la démocratie (FvD), parti nationaliste qui critique les « élites » politiques, fait jeu égal avec les centristes au pouvoir lors d’élections provinciales et sénatoriales.

Par  (Bruxelles, Correspondant)

Publié le 21 mars 2019 à 10h09, modifié le 21 mars 2019 à 10h18

Temps de Lecture 3 min.

Célébrant sa performance, que lui-même n’espérait pas aussi éclatante, M. Baudet, 36 ans, a commenté sa victoire en se présentant comme un vainqueur « au milieu des ruines d’une belle civilisation ».

Les élections provinciales et sénatoriales qui se déroulaient mercredi 20 mars aux Pays-Bas, au lendemain de l’attaque contre un tramway à Utrecht, ont livré un résultat inattendu avec l’irruption du Forum pour la démocratie (FvD), parti lancé récemment par le juriste et historien Thierry Baudet. Selon une projection effectuée à partir de la quasi-totalité des bulletins dépouillés, jeudi matin, cette formation de droite nationaliste, europhobe et anti-immigration, ferait jeu égal avec, voire dépasserait en nombre de voix (14,4 %) le Parti populaire libéral et démocrate (VVD), de Mark Rutte, le premier ministre.

La coalition centriste que dirige ce dernier, et qui comprend trois autres partis, perd, en tout cas, sa majorité à la première Chambre, le Sénat. Cette assemblée élue indirectement par les représentants des provinces compte 75 sièges et M. Rutte n’en obtiendrait que 31. Le FvD rafle 12 sièges pour sa première participation à ce scrutin et égale la performance du VVD.

M. Baudet bénéficie d’une redistribution des cartes à droite et à l’extrême droite. Elle entraîne aussi un net repli du Parti pour la liberté de Geert Wilders (5 sièges, - 4). Le VVD, parti du premier ministre, limite la casse en ne perdant qu’un élu, mais ses alliés sont sanctionnés. Le parti pro-européen D 66 perd 4 de ses 10 sièges et les chrétiens-démocrates passent de 12 à 9. Seule la formation protestante ChristenUnie progresse légèrement (4 élus, + 1).

La gauche travailliste continue à décliner (8 sièges, - 1 pour le PVDA) et la gauche radicale s’effondre (4 sièges, - 5 pour le Parti socialiste). C’est le parti écologiste GroenLinks qui en profite : il est le deuxième vainqueur du scrutin et fait plus que doubler sa représentation (9 sénateurs, + 5).

Contraint de rechercher des alliés pour faire passer ses futurs projets dans les deux assemblées, M. Rutte tentera d’obtenir prioritairement le soutien des Verts et devra donc gouverner plus à gauche, ce qui n’ira pas sans susciter des tensions dans les rangs de son propre parti. Un vaste plan censé répondre à l’urgence climatique qu’il a présenté il a quelques semaines a déjà été vivement discuté au sein de celui-ci et de la majorité.

Supporteur de Donald Trump

Contraint de rechercher des alliés pour faire passer ses futurs projets dans les deux assemblées, M. Rutte tentera d’obtenir prioritairement le soutien des Verts et devra donc gouverner plus à gauche, ce qui n’ira pas sans susciter des tensions dans les rangs de son propre parti.

Célébrant sa performance, que lui-même n’espérait pas aussi éclatante, M. Baudet, 36 ans, a commenté sa victoire en se présentant comme un vainqueur « au milieu des ruines d’une belle civilisation ». Supporteur de Donald Trump, cet intellectuel dénonce aussi « l’hystérie anti-Poutine » et est un adversaire résolu de l’Union européenne. Il pense que l’UE et ses institutions affaiblissent les Etats, et donc la démocratie – d’où le nom de son parti.

Partisan d’un nationalisme « inclusif et tolérant », il dénonce au passage l’islam comme « un danger », avec toutefois moins de virulence que Geert Wilders. Il développe un discours plus policé, qui s’adresse à un public plus éduqué et plus jeune. Comme d’autres représentants européens de la droite radicale, il base aussi son programme sur la dénonciation des « élites » politiques, auxquelles il reproche leur « incompétence » et leur « arrogance », avec Bruxelles comme cible principale. Il reproche aussi à l’UE d’avoir aboli les frontières intérieures et a évoqué, un temps, un « Nexit », une sortie de son pays de l’Union.

Le soutien que lui apportent des personnalités et des sites prônant « la révolte contre l’Etat », ou contre les musulmans, voire « l’autodétermination du peuple blanc » et l’antiféminisme, indique qu’il fédère aussi divers courants extrémistes. L’un de ses mentors est le juriste et philosophe Paul Cliteur, fervent défenseur de l’identité et pourfendeur de « l’occidentophobie » qui, selon lui, se répand aux Pays-Bas et en Europe.

La dénonciation de la société multiculturelle, symbolisée par l’Union européenne qui ne serait, à l’en croire, qu’une version moderne de l’Empire romain, est d’ailleurs l’élément du discours de M. Baudet qui aurait le plus porté auprès d’une partie de l’électorat qui, depuis une vingtaine d’années, manifeste, à intervalles réguliers, sa volonté d’un retour aux « valeurs traditionnelles ».

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