Le rêve d’Icare, Nicola Fox, la responsable scientifique de la mission Parker Solar Probe, le réalise : grâce à cette sonde de la NASA, qui doit quitter la Terre samedi 11 août, la chercheuse britannique clame qu’elle va « toucher le Soleil ». Après son décollage de Cap Canaveral (Floride) à bord d’une fusée Delta-IV Heavy, l’engin profitera d’un coup de pouce gravitationnel de Vénus pour filer vers la banlieue solaire où il devrait arriver début novembre. Pour s’en éloigner ensuite, puis revenir, etc.
Au fil des ans, les orbites autour de notre étoile se feront de plus en plus serrées et, fin 2024, Parker Solar Probe passera à 6,2 millions de kilomètres d’elle, là où aucun vaisseau construit par l’homme n’est jamais allé travailler. A ce moment-là, la sonde se trouvera à l’intérieur de la couronne, ce « halo » qui entoure le Soleil et devient visible à l’œil nu lors d’une éclipse totale.
Comme l’explique Kader Amsif, responsable des programmes Soleil, héliosphère et magnétosphère au Centre national d’études spatiales (CNES), « la couronne et en particulier son chauffage intriguent les chercheurs. Comment expliquer qu’à la surface du Soleil, la température soit d’environ 5 500°C et que, lorsqu’on s’en éloigne, elle se mette tout à coup à grimper à 1 million de degrés ? C’est pour comprendre ce mécanisme qu’on envoie Parker Solar Probe là-bas, pour prendre des mesures in situ ». Jusqu’à présent, toutes les missions solaires s’étaient sagement contentées d’observer notre étoile à distance…
L’étude du vent solaire sera le second grand objectif de la mission. Théorisé par l’Américain Eugene Parker, qui donne son nom à la mission, « le vent solaire, détaille Kader Amsif, c’est un flot de particules électriquement chargées qui voyagent à des vitesses de plusieurs centaines de kilomètres par seconde. Elles traversent tout le Système solaire et bombardent les planètes. Ce qui nous sauve, c’est que la magnétosphère terrestre nous en protège comme un parapluie. »
Conditions dantesques
Le parapluie n’est pas complètement étanche aux hautes latitudes, ainsi qu’en témoigne le phénomène des aurores boréales et australes, qui se produit lorsque les particules du vent solaire s’infiltrent dans les failles du bouclier magnétique et viennent exciter les atomes de la haute atmosphère.
Ces intrusions peuvent avoir de graves conséquences sur nos équipements technologiques au sol : ainsi, en 1989, une éruption solaire avait secoué le champ magnétique terrestre et mis à mal le réseau électrique du Québec. Plus récemment, rappelle Kader Amsif, « en 2015, des particules solaires ont perturbé des radars en Suède, ce qui a cloué au sol l’aviation civile ».
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