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Pollution : « Seule, paradoxalement, la plasticité pourra nous sauver des plastiques »

Face à la pollution durable due au plastique, la philosophe Catherine Malabou estime, dans une tribune au « Monde », nécessaire de renouer avec une plasticité d’esprit, faire preuve de souplesse pour s’adapter à la situation et dépasser nos rigidités politiques et morales.

Publié le 19 mars 2019 à 06h00, modifié le 19 mars 2019 à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Déchets en plastique, parmi d’autres débris rejetés par la mer, au nord de Colombo, sur une plage du Sri Lanka.

Tribune. Nous étions plus d’un million ces jours derniers à protester dans le monde entier contre l’inaction des gouvernements face à la crise écologique. De cette crise, avec les gaz à effet de serre, le plastique est devenu à la fois le symbole et la réalité.

Qu’on le jette, qu’on le brûle, qu’on l’enfouisse, chaque fois, le plastique revient. « There is no away » [On ne peut pas s’en débarrasser], disent les écologistes américains, en réponse à l’injonction qui a longtemps été la nôtre : « Jette-le », « Throw it away ! » Jette ton assiette, ta serviette, ta fourchette ! Or cet « away » révèle aujourd’hui son illusoire extériorité. Il n’y a pas de dehors. « Away », c’est ici, et nulle part, c’est encore la Terre, qui étouffe, agonise, sous le poids des rejets qu’elle ne peut rejeter et qui forment désormais un septième continent. Au point où des animaux marins sont empêtrés dans des sacs déchirés, éventrés par l’ingestion de tubes, de bouchons, de bouteilles…

Moins de 20 % des 9 milliards de tonnes de plastiques produits jusqu’ici dans le monde ont été recyclés ou incinérés. Ce qui reste finit dans des décharges ou dans l’environnement, et mettra des milliers d’années à se décomposer. Le plastique est destructeur parce qu’indestructible.

Nouvelle génération de sacs bioplastiques

Dans les pays riches, des mesures ont été prises. Avec l’interdiction des sacs en plastique à la caisse, par exemple, une nouvelle génération de sacs dits bioplastiques a fait son apparition. Il s’en est fabriqué 2 millions de tonnes en 2017. Mais ces plastiques alternatifs ne sont pas vraiment la solution. Ils coûtent cher et restent inabordables pour les pays pauvres. De plus, comme l’affirmait au quotidien britannique Guardian Jacqueline McGlade, alors directrice scientifique du Programme des Nations unies pour l’environnement en 2016, « Ces produits sont présentés comme une alternative aux plastiques, permettant de réduire la pollution des océans, mais c’est faux. Pour cela, il faudrait qu’ils soient en contact avec une température d’au moins 50 °C, ce qui ne sera jamais le cas dans les profondeurs océaniques. »

Le terme générique « bioplastiques » peut de plus prêter à confusion car il désigne à la fois des plastiques biosourcés (fabriqués à partir de composants naturels renouvelables), et des matières plastiques biodégradables (pouvant être détruites par des micro-organismes au contact de l’air ou de l’eau). Mais certaines matières biodégradables ne sont pas biosourcées et proviennent parfois de ressources fossiles. De même, tous les plastiques biosourcés ne sont pas forcément biodégradables. Dans tous les cas, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise des énergies (Ademe) rappelle que les sacs biodégradables ne doivent en aucun cas être jetés dans la nature.

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