La confusion règne autour de la question d’un éventuel transfert de l’ambassade australienne en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem annoncé mardi 16 octobre par le premier ministre australien, Scott Morrison, qui évoquait un geste diplomatique similaire à celui que les Etats-Unis ont fait en mai. Confronté à un tollé politique et aux menaces de représailles sur le commerce extérieur, M. Morrison a paru rétropédaler quelques heures plus tard, déclarant qu’il consulterait au préalable ses alliés.
Alors qu’il était accusé de rompre avec soixante-dix ans de diplomatie à des fins de politique intérieure, Scott Morrison est venu dire au Parlement qu’aucune décision ferme n’avait été prise. Le premier ministre a expliqué aux parlementaires qu’il « sonderait les vues » des dirigeants de la région sur l’idée d’emboîter le pas au président états-unien, Donald Trump, « avant que le gouvernement ne se fasse une opinion particulière sur cette question ».
Jérusalem est revendiquée à la fois par les Israéliens et les Palestiniens et la plupart des pays étrangers ont évité d’y loger leur représentation. M. Trump y a néanmoins transféré l’ambassade des Etats-Unis en mai. Des responsables australiens ont expliqué qu’un transfert de l’ambassade était à l’étude depuis plusieurs mois. Mais les déclarations de M. Morrison coïncident avec une législative partielle dans une circonscription à forte population juive de Sydney. Ce scrutin est crucial pour son gouvernement, puisque le résultat pourrait lui coûter sa maigre majorité parlementaire d’un siège seulement. Le candidat du parti de M. Morrison, un ancien ambassadeur d’Australie en Israël, est en retard dans les intentions de vote selon des sondages.
Un accord commercial avec l’Indonésie menacé
Si le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a salué le projet australien de déménagement, son voisin indonésien, pays musulman le plus peuplé du monde, a mal réagi. Un haut responsable indonésien à Djakarta, cité par la chaîne publique ABC, a déclaré qu’un vaste projet d’accord commercial en négociation depuis cinq ans et qui doit être finalisé avant la fin de l’année pourrait désormais rester au placard. Interrogés par l’Agence France-Presse, les ministères des affaires étrangères et du commerce indonésiens ont dit ne pas être au courant d’une éventuelle suspension des discussions.
Mais M. Morrison a expliqué qu’il avait discuté de l’accord commercial avec le président indonésien, Joko Widodo, au téléphone. « Nous allons continuer à travailler étroitement en coopération avec nos alliés et partenaires à travers le monde sur cette question », a ajouté le premier ministre devant le Parlement. « Nous sommes pour une solution à deux Etats », Israël et un Etat palestinien, « mais franchement ça ne se passe très bien, peu de progrès ont été réalisés, et il ne faut pas continuer à faire la même chose et s’attendre à des résultats différents », avait argué M. Morrison lors de sa conférence de presse.
« Scott Morrison veut s’accrocher si désespérément à son boulot qu’il est prêt à dire n’importe quoi qui pourrait lui valoir quelques voix supplémentaires, même aux dépens de l’intérêt national », a accusé Penny Wong, porte-parole de l’opposition travailliste. M. Morrison a pris les rênes du gouvernement en août à la faveur d’un putsch de la frange la plus conservatrice du Parti libéral qui a évincé le modéré Malcom Turnbull. Le gouvernement de celui-ci s’était distancié de la décision états-unienne sur Jérusalem, estimant qu’elle ne contribuait pas au processus de paix entre Israël et les Palestiniens.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu