Le chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, a officialisé sa démission par un communiqué, mercredi 19 juillet, juste avant la réunion hebdomadaire du conseil de défense à l’Elysée. « Je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays », écrit-il.
Ce départ est une première sous la Ve République. Récit d’une semaine de tension extrême entre le chef de l’Etat et l’institution militaire.
Ce fameux soir du 13 juillet, les signes avant-coureurs de la foudre étaient là. Mais comment auraient-ils pu comprendre l’augure ? Il y avait la garde républicaine, qu’on ne voit jamais en cette occasion au ministère des armées. Le premier ministre, Edouard Philippe, longiligne, à sa droite, sur le perron. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, non loin de celui des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dans le carré des officiels, à la lisière duquel le patriarche Serge Dassault, comme chaque année, a sa place réservée, sur un fauteuil.
Cette pompe inhabituelle pour la réception traditionnelle de la veille du défilé, au cours de laquelle le président de la République adresse sa reconnaissance aux militaires, aurait dû les alerter. Mais comment les soldats, officiers, industriels de l’armement, tout à la fête sur la belle pelouse de l’hôtel de Brienne face à Emmanuel Macron, pouvaient-ils ne pas être flattés ?
Il est 19 h 30 ce jeudi et dans le ciel clair claque la foudre. « Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique, tance le chef de l’Etat, glacial. J’ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir. Et je n’ai, à cet égard, besoin de nulle pression et de nul commentaire. »
La Marseillaise chantée, l’on compte les blessés. « La vache ! », réagit un général quatre étoiles. La fête est gâchée, le chef est touché. Le général Pierre de Villiers accuse le coup. Il ordonne une réunion de ses chefs d’armées, terre, air, marine, dans la soirée.
La veille, devant la commission de la défense composée des députés débutants de La République en marche, il avait exposé les enjeux de la défense nationale : les menaces, l’autonomie stratégique de la France, la dissuasion, les opérations, l’engagement jusqu’à l’usure de ses armées. Il faut leur donner les moyens de faire ce qu’on exige d’elles, a-t-il plaidé une nouvelle fois, dans cette réunion à huis clos. Ce message, il l’a aussi répété quelques heures plus tôt en conseil de défense, reprenant même la parole après le président, avec ses mots francs.
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