Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour la comptabilité ! A la fin du mois de septembre, les premiers bulletins de paie faisant préfigurer les salaires amputés de l’impôt sur le revenu commenceront à être distribués dans les entreprises.
Censés donner aux contribuables un aperçu de ce qui les attend après la mise en place du prélèvement à la source au 1er janvier 2019, ils tiendront compte des taux choisis par les déclarants. Taux personnalisés, individualisés ou neutres que l’administration fiscale a transmis aux services concernés. Il était temps.
La grande bascule de la collecte de l’impôt sur le revenu a beau être dans les cartons depuis deux ans, particuliers et employeurs peinent encore à s’y retrouver. N’en déplaise à Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, qui assure que le dispositif est « prêt » et qu’il ne coûtera « pas un centime », les atermoiements du gouvernement ont marqué les esprits. « Jusque-là, la seule chose qui préoccupait nos clients, c’était l’année blanche, et comment l’optimiser. Pour le reste, ils n’étaient pas très informés. Les débats récents ont créé un climat anxiogène », témoigne Virginie Vellut, experte-comptable associée au sein du cabinet BDS, à Troyes.
Confidentialité, recours en cas d’erreurs, risque de choc psychologique… L’inquiétude est d’autant plus forte, côté employeurs, que les syndicats patronaux n’ont pas caché tout le mal qu’ils pensent de la réforme.
« Le prélèvement à la source, c’est de l’argent volé aux entreprises », assénait à la mi-septembre François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), devant les caméras du Figaro.fr. Comme le Medef, le patron des petits patrons pointe les risques de contentieux et de frais supplémentaires.
« Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton »
Qu’en sera-t-il réellement ? Sur le papier, tout semble bien huilé : le prélèvement à la source ne modifie pas le montant de l’impôt, seulement sa collecte, et les entreprises n’ont qu’à jouer les percepteurs au moment de l’édition des feuilles de paie.
Ce travail, près de 80 % d’entre elles le délèguent aujourd’hui à un expert-comptable, selon les estimations du conseil national de l’ordre, qui encadre la profession. Et pour cause : « Vu les évolutions constantes du droit social, c’est de plus en plus difficile de suivre, explique Virginie Vellut. Contrairement à ce que pense M. Darmanin, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour sortir une feuille de paie. » C’est même un sacré casse-tête.
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