Publié le 31 octobre 2018 à 09h54, modifié le 31 octobre 2018 à 09h55
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On le découvre sur une photographie datée du 8 octobre 1873, assis dans un fauteuil Louis XVI en tenue militaire occidentale, pantalon et veste ajustés à galons, raie sur le côté, fine moustache, sabre à la ceinture, un bicorne posé près de lui. C’est l’une des très rares représentations photographiques de l’empereur Mutsuhito (1852-1912), dont le règne, de 1867 à 1912, se traduisit par une transformation tellement radicale du Japon qu’on lui a donné le nom d’ère « Meiji » (« politique de la lumière »). Cette photographie figure en ouverture de l’exposition « Meiji, splendeurs du Japon impérial », présentée au Musée national des arts asiatiques-Guimet, à Paris, à l’occasion des 150 ans du début de cette période. Une époque d’ouverture du pays sans précédent, après deux cent cinquante ans de repli sur soi, qui s’accompagne de bouleversements dans tous les domaines – politique, économique, sociétal, religieux, culturel, artistique.
« Le Japon devenu empire se dotera d’un Parlement, d’un code civil de droit romain, d’une conscription mettant à bas les reliques de l’antique système des samouraïs, interdira le port du sabre, encouragera l’adoption du costume occidental, s’industrialisera à une vitesse étonnante, changera l’aspect de ses villes… », expose Sophie Makariou, présidente du Musée Guimet et commissaire de l’exposition, avec le conservateur Michel Maucuer. Le pays entend désormais faire rayonner ses talents à travers le monde, et les artistes ont pour mission d’exalter sa puissance créatrice. Un goût pour le « japonisme », alimenté par les récits d’écrivains-voyageurs tel Pierre Loti (1850-1923) et par les industriels collectionneurs comme Emile Guimet (1836-1918) ou Henri Cernuschi (1821-1896), se manifeste alors en Occident.
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Plus de trois cents pièces – porcelaines, céramiques, étoffes, laques, peintures, sculptures, meubles – témoignant de cette virtuosité ont été réunies grâce à de nombreux prêts, une part venant des collections de Guimet, une autre, importante, de la collection privée Nasser D. Khalili. Ces documents et objets illustrent les mutations opérées dans l’art, mais aussi dans la société japonaise tout entière, ce que souligne clairement le parcours thématique.
La première salle, où figure la photo de l’empereur – également représenté sur plusieurs lithographies en compagnie de son épouse, vêtue à l’occidentale en robe à crinoline –, montre la transformation du pays dès l’effondrement du shogunat, le régime militaire qui régissait le pays depuis près d’un millénaire. Des photographies et des estampes polychromes détaillent la modification du paysage urbain. Les villes côtières ouvertes aux étrangers, comme Yokohama ou Kobe, servent de modèles à la modernisation des grandes villes. L’architecture occidentale est adoptée pour les bâtiments officiels, les banques, les grands magasins. Le télégraphe, l’éclairage au gaz puis l’électricité font leur apparition, les communications se développent. C’est sous l’ère Meiji que s’ouvre la première ligne de chemin de fer reliant Yokohama et Tokyo, en 1872.
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